Les divergences de culture entre armées alliées sont la source de véritables incompréhensions au sein des coalitions ; or, la culture stratégique des États-Unis présente de fortes particularités par rapport aux cultures européennes. Fruit de l'histoire et de la géographie, produit de l'expérience et de ses interprétations, la conception américaine de l'utilisation des forces armées et du recours à la guerre correspond de plus en plus à celles qui gouvernent l'emploi des forces de police. Le modèle, façonné par l'odyssée américaine, se confirme à nouveau aujourd'hui dans sa nécessité et ses faiblesses.
Un modèle américain pour l'emploi des forces
L’opération « Liberté immuable » confirme que les opérations multinationales constituent désormais la base des engagements majeurs des armées occidentales. Si chacun regrette les déficiences d’interopérabilité qui limitent l’efficacité commune, moins nombreux sont ceux qui se préoccupent des divergences de culture. Celles-ci, pourtant, sont la source de véritables incompréhensions et difficultés. Il est donc utile d’analyser la culture stratégique des États-Unis — l’allié obligé de toute coalition occidentale et aujourd’hui partenaire majeur de la campagne lancée contre le terrorisme — pour en mesurer les différences avec les cultures européennes.
Si l’on définit la « culture stratégique » comme « un ensemble de croyances, valeurs et habitudes qui gouverne l’emploi de la force et trouve ses racines dans la géographie, l’histoire ou la culture politique », la conception américaine de la guerre en est sans doute un exemple typique. Les comportements stratégiques et militaires passés et présents de cette nation-continent ne sont intelligibles qu’à la lumière des conceptions politiques et philosophiques qui les sous-tendent, car « les cultures des civilisations nourrissent les armées qui les défendent et leurs différences sont en retour celles de leurs soldats » (1).
Pour faire court, le paradigme de l’emploi des forces armées aux États-Unis correspond de plus en plus à celui qui modèle l’emploi des forces de police. Le modèle, façonné par l’expérience américaine, se confirme à nouveau aujourd’hui dans sa nécessité et ses faiblesses.
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