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  • Revue n° 043 Décembre 1947
  • Correspondance - Armes tactiques et stratégiques

Correspondance - Armes tactiques et stratégiques

Charles Ailleret, « Correspondance - Armes tactiques et stratégiques  » Revue n° 043 Décembre 1947 - p. 818-821

La littérature militaire actuelle emploie couramment, pour qualifier certaines armes, les termes de « tactiques » et « stratégiques ». Les armes qualifiées de « stratégiques » sont généralement celles qui agissent à grande distance, les armes « tactiques » étant, par opposition, celles dont le rayon d’action limité restreint le domaine au champ de bataille proprement dit des unités terrestres.

C’est ainsi, par exemple, que le canon serait une arme essentiellement « tactique », l’aviation lourde de bombardement méritant au contraire, par sa nature, le titre de « stratégique ». L’emploi de cette terminologie peut, dans certains cas, être imagé, suggestif et commode. Il n’en est pas moins, non seulement illogique – ce qui ne serait pas grave – mais encore, en donnant lieu à des associations d’idées imprécises, susceptible d’engendrer de regrettables confusions ainsi que des idées fausses et erronées. Les définitions de la stratégie sont très nombreuses et diffèrent largement suivant les auteurs. Aucune d’entre elles ne fait intervenir une notion quelconque de distance d’action. La stratégie était d’ailleurs inventée bien avant qu’il existât des armes se distinguant des autres par l’ordre de grandeur de leur portée.

Il n’entre pas dans le cadre de cette note d’ajouter, aux définitions existantes, de nouvelles définitions de la tactique ou de la stratégie. Ce qui est certain et résulte de l’unanimité de toutes les définitions, c’est que ces termes caractérisent des points de vue de l’esprit desquels on examine certaines questions et on résoud les problèmes concrets d’emploi des forces armées. Ils ne caractérisent point ces forces elles-mêmes, d’après leur nature. Lorsque le point de vue est relativement limité, il s’agit de tactique. Lorsqu’il est au contraire élevé, il s’agit de stratégie. C’est ainsi, qu’il est très généralement admis que, dans une guerre moderne entre grandes nations, un Commandant de division exerce un commandement tactique, alors qu’un Commandant en chef ou un commandant de théâtre d’opération exerce un commandement stratégique. Mais cette limitation en échelon n’a rien de commun avec une limitation en distance ou en portée. Elle n’a, en particulier, rien à voir avec la classification des armements.

La mitraillette, arme particulièrement importante de l’infanterie, est incontestablement une arme « tactique » lorsqu’il s’agit de l’employer dans le cadre de la compagnie d’infanterie ou même de la division. Mais lorsque le maréchal Staline manœuvrait l’ensemble de plusieurs millions de pistolets-mitrailleurs, sur des fronts de plusieurs milliers de kilomètres, la mitraillette devenait pour lui un instrument stratégique.

Lorsqu’à la conférence de Casablanca, les Chefs de Guerre alliés décidaient d’utiliser les bombardiers lourds à une attaque générale des moyens allemands de production, dans le cadre d’un plan bien défini, le Lancaster, le Halifax, la Flying Fortress et le Liberator étaient pour eux indubitablement des armes stratégiques. Mais pour le lieutenant-colonel qui commandait un groupe de ces bombardiers et qui recevait mission de détruire tel jour, à telle heure, tel objectif bien déterminé et bien précis, les mêmes appareils n’avaient rien de stratégique. Cet officier se bornait à appliquer des méthodes de navigation et de conduite de tir qui relevaient, incontestablement, de la « tactique » aérienne, analogues à celles qu’il aurait appliquées s’il avait commandé un groupe de Marauders travaillant en coopération avec les forces terrestres.

Quant au général Eisenhower, lorsqu’en vue de l’invasion du continent il combinait l’action des flottes et des troupes de débarquement, pour lui les ducks et les chalands de débarquement étaient des engins stratégiques. Pour le capitaine qui se trouvait à la tête d’une compagnie de débarquement ou l’enseigne qui commandait le chaland automoteur, il n’était pas question de stratégie.

Ainsi une arme n’est ni stratégique ni tactique. Il y a, pour envisager toute arme, un point de vue stratégique, un point de vue tactique et un point de vue technique. Ce point de vue dépend de la mission reçue et les gens sages accomplissent leur mission sans se demander quelle est l’étiquette exacte que la Doctrine leur confère.

Il est donc totalement illogique de donner aux armes à grande portée, l’étiquette de stratégique. En particulier aux autopropulsés. La V2 serait, paraît-il, un engin stratégique. La vérité est que, pour Hitler, lorsqu’il cherchait le but stratégique d’abattre le moral anglais et de gêner l’effort anglais à coups de V2, cette arme constituait, pour lui, un engin stratégique. Pour le commandant de base, chargé de lancer l’engin, la V2 ne posait qu’un problème technique. Enfin, lorsqu’à Anvers les Allemands cherchaient à assurer une sorte d’interdiction des installations portuaires, rien ne distinguait l’action des V2 de celle qu’auraient effectuée pour la même mission, des pièces d’artillerie lourde longue.

Il est également totalement illogique de ravaler des engins de corps à corps, comme le pistolet-mitrailleur ou la grenade, au niveau de simples engins tactiques puisque, s’ils sont utilisés en très grandes masses, ils rentrent par là même dans le cadre de la stratégie.

Il est en un mot illogique de donner à des engins matériels des étiquettes destinées à caractériser des opérations intellectuelles. Mais cet illogisme ne serait pas autrement gênant s’il ne risquait pas d’entraîner souvent des idées fausses. À partir du moment, en effet, où une arme serait classée comme stratégique il s’en déduirait, sous le couvert des mots, qu’elle ressortirait au domaine de stratèges professionnels. Les autres armes tomberaient dans le domaine des « tacticiens ». C’est ainsi que l’avion ou les autopropulsés tomberaient dans le domaine de ces spécialistes de la stratégie des grandes distances, alors que les engins à courte portée seraient réservés à des armes terre à terre, comme la vieille artillerie.

Il est à peine besoin de mettre en évidence l’absence totale de raisonnement ainsi dissimulé sous le camouflage de ces grands mots, mal employés, de tactique et stratégie. Pour affecter les armes à ceux qui doivent les servir, un seul moyen efficace : les répartir en fonction des compétences, c’est-à-dire en fonction des méthodes auxquelles les hommes sont formés et des missions qui leur incombent. Il est, en conséquence, extrêmement souhaitable que l’on renonce, une bonne fois et pour toujours, à appliquer à des armes les caractères de « tactiques » ou « stratégiques » suivant leur rayon d’action ou d’autres éléments du même ordre.

Napoléon, qui n’avait à sa disposition aucune arme à grand rayon d’action, mais qui cependant fait, à juste titre, figure de stratège, s’amuserait certainement beaucoup de cet emploi de l’adjectif stratégique, auquel a conduit une certaine et regrettable imprécision de notre langage militaire actuel. ♦

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