Les événements en Irak et les tensions au sein de l'Otan à propos de la sécurité de la Turquie ont singulièrement donné une large visibilité au trio belgo-germano-français. Ce rapprochement qui repose à la fois sur une proximité géographique et institutionnelle n'est-il que conjoncturel ou repose-t-il sur des bases solides avec un projet assuré ? Peut-il aboutir à une coopération renforcée dans le champ de la sécurité-défense ou sera-t-il mis à mal par la permanence des intérêts stratégiques entre la France et le Royaume-Uni ?
Vers une coopération renforcée belgo-germano-française ?
La crise irakienne nous a montré la fragilité extrême du consensus entre Européens dans le champ de la sécurité et de la défense, tiraillés entre l’esprit atlantiste et le volontarisme « européiste », avec ces différentes nuances imposées par le statut de non-alignement ou celui de futur adhérent à l’Union européenne. Les tensions constatées au sein de l’Otan, lorsqu’il s’est agi de décider de mesures de soutien à la Turquie, ont favorisé la naissance de quelques réflexions sur les questions de sécurité. Ainsi s’est manifesté un trio d’États jouant sur une posture commune à l’égard du dossier irakien, quand bien même chacun développe encore une diplomatie nationale et une culture militaire propre : la France, l’Allemagne et la Belgique.
Certes, Berlin et Bruxelles sont davantage favorables à une communautarisation de la Pesc que Paris, mais les trois capitales se rejoignent pour souhaiter l’approfondissement de la sécurité et de la défense européenne, en soutenant cette politique sectorielle qu’est la PESD née lors du Sommet d’Helsinki, en proposant la création rapide d’une Agence européenne de l’armement, et l’activation d’une coopération renforcée dans le domaine de la défense.
Si la Belgique s’inscrit clairement dans l’axe franco-allemand, sa diplomatie a assimilé surtout la difficulté actuelle d’avancer de manière ambitieuse en matière de politique étrangère européenne dans le cadre des discussions de la Convention sur l’avenir de l’UE. Elle a bien conscience que le volontarisme des Européens, dans le projet de remplacement de l’Otan en Bosnie dès 2004, pourrait éventuellement faire les frais des tensions transatlantiques ; qu’il pourrait devenir insurmontable d’assimiler les positionnements contradictoires en matière de sécurité lorsque l’UE sera composée de 25 États membres.
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