Après avoir traversé une sombre période pleine de souffrances et de destructions, l'Afghanistan entre maintenant dans une phase de reconstruction. Un rappel des événements écoulés au cours du dernier quart de siècle montre dans quelles conditions la résistance afghane a pu vaincre les forces soviétiques et dresser un rempart contre les taliban et Al-Qaïda. Les motivations qui devraient pousser notre pays à coopérer davantage avec l'Afghanistan sont aussi bien d'ordre humanitaire que d'ordre stratégique ou culturel. Il semble que l'avenir de l'Afghanistan soit assuré en raison notamment de la récente promulgation d'une Constitution démocratique prenant en compte le caractère islamique de la société afghane actuelle et le nécessaire respect des droits de l'homme. L'auteur confirme le rôle décisif qu'a joué Ahmad Shah Massoud dans le processus de renouveau d'un pays naguère plongé dans des combats apparemment sans issue.
Pourquoi s'intéresser à l'Afghanistan ?
Dans le passé, à quelques rares exceptions près, l’Afghanistan a été exclu du champ d’observation de la France. Il a fallu attendre le début des années 20 pour voir des responsables français, sollicités par le gouvernement afghan, commencer à prendre en considération ce pays lointain. À l’époque, la plupart de nos dirigeants situaient assez difficilement ce pays sur le planisphère et voyaient mal pour quels motifs nous investirions en dehors de nos zones d’influence traditionnelles. Depuis cette époque, et après que les feux de l’actualité aient plus ou moins cessé d’être braqués sur ce pays, on observe qu’en dehors d’un certain nombre de Français impliqués dans une aide à la population afghane, beaucoup s’interrogent sur les raisons qui motiveraient aujourd’hui encore un engagement quelconque en faveur d’un pays déshérité dont le destin, apparemment, ne nous concerne pas directement.
Pourtant, en dehors des motivations que nous nous proposons d’exposer, il convient de ne pas ignorer la dette de reconnaissance que nous devrions tous avoir à l’égard de la résistance afghane qui, combattant pratiquement à mains nues la puissante Armée Rouge, a contribué à éliminer cette menace. De même, elle a constitué un rempart contre le terrorisme et l’intégrisme des taliban et d’Al-Qaïda jusqu’à ce que les puissances occidentales, à cause des événements de septembre 2001, prennent enfin conscience du danger qui nous menaçait et qui nous menace tous encore.
Un quart de siècle de souffrances et de destructions
La révolution de Saour
Alors que l’Afghanistan avait connu, à partir des années 20, une ouverture à la modernité particulièrement heureuse et qu’il avait bénéficié en 1964 d’une constitution démocratique bien adaptée aux traditions ancestrales d’un pays fier de son passé, une révolution survenue le 27 avril 1978, la révolution de « Saour », allait porter au pouvoir les deux partis communistes afghans qu’étaient le Khalq et le Parcham. S’instaure alors un régime de terreur se traduisant par des emprisonnements nombreux et arbitraires, l’exécution sommaire d’un grand nombre de dirigeants et d’intellectuels (on a donné le chiffre de 27 000) et l’accélération d’un exode très important qui avait commencé cinq ans auparavant, lorsque le prince Daoud avait déposé le roi Zaher Shah pour instaurer la République. En quelques années, plusieurs millions de personnes quittèrent l’Afghanistan, la plupart se dirigeant vers l’Iran et le Pakistan, d’autres gagnant l’Europe (Allemagne, Grande-Bretagne, France) et les États-Unis (1). La plupart des Afghans restés sur place, se sentant blessés dans leur foi religieuse, entrèrent en résistance contre un régime athée.
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