Malgré le vote de la résolution 1718 par le Conseil de sécurité de l’ONU, prévoyant un embargo sur les matériels sensibles moins d’une semaine après son premier essai nucléaire, la Corée du Nord est apparue déterminée à poursuivre le passage en force de sa politique nucléaire. Elle fait le pari que la situation internationale s’y prête et lui offre les opportunités politiques en faveur d’une nucléarisation de son territoire national. Celle-ci signifierait une « sanctuarisation » du régime de Kim Jong-Il, mais transformerait l’équilibre stratégique d’une région qui serait désormais, placée sous la menace et le chantage de la Corée du Nord.
Prolifération nucléaire : le passage en force de la Corée du Nord
Nucluar proliferation: North Korea muscles in
Despite UN Security Council Resolution 1718 of 15 October 2006 establishing an embargo on certain sensitive materials which was adopted a few days after its first nuclear test, the Popular Democratic Republic of Korea (PDRK) seems determined to pursue its nuclear weapons policy. It is betting that the international situation is favourable and allows it the political opportunity to develop a nuclear deterrent. The implication is not only that the regime of Kim Jong Il will then have a ‘sanctuary’, but that the strategic balance of the region will in time be liable to nuclear blackmail from North Korea.
Le 9 octobre 2006, la République démocratique et populaire de Corée du Nord (RDPC) annonçait avoir procédé à un essai nucléaire à Hwadeari, dans la province du Hamgyong, dans l’est du pays. Elle se place ainsi en position de force dans le dialogue stratégique ouvert depuis le 28 août 2003 à Séoul, avec les États-Unis, la Chine, la Russie, le Japon et la Corée du Sud. Ces négociations à Six, qui ont pour objectif final de parvenir à une dénucléarisation de la péninsule Coréenne, ont malheureusement montré leur incapacité à bloquer la machine infernale nord-coréenne. Désormais, si ce dialogue devait reprendre, la Corée du Nord fera payer très cher son abandon à l’atome. Elle a accepté le 31 octobre dernier, de revenir à la table des négociations sur ses programmes nucléaires un an après s’en être retirée. Cependant, elle y revient plus forte et sûre d’elle.
Pour l’heure, la prolifération nucléaire se renforce : les crises iraniennes et l’entrée de plain-pied dans l’ère nucléaire de la Corée du Nord rappellent à chacun la réalité d’un environnement international instable. Le vote de la résolution 1718 par le Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies le prévoit un embargo sur les matériels sensibles (1). Il montre cependant que la communauté internationale n’a pu empêcher la Corée du Nord de cesser son programme nucléaire. Certes, le contexte politique international peut expliquer ces difficultés : la présence soutenue et désormais durable, des États-Unis en Irak ; la volonté de la Chine de ne pas rompre totalement avec le régime totalitaire de Kim Jong-il afin de ne pas voir les alliés des États-Unis gagner une influence sur l’ensemble de la péninsule Coréenne. Sans oublier, l’arrivée le 1er janvier 2007, de l’ancien ministre des Affaires étrangères de la Corée du Sud, Ban Kin Moon à la tête de l’ONU, véritable camouflet pour Pyongyang. La Russie peut également rechercher une forme d’équilibre sur son flan asiatique avec la Chine en se servant de la Corée du Nord. Autant de facteurs dont a su se jouer ce pays !
Pourtant, les instruments de contrôle et d’encadrement du nucléaire existent depuis longtemps : le Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) ou les protocoles additionnels de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) devaient théoriquement rendre impossible cette propagation du potentiel nucléaire à but militaire ; en contrepartie de garanties sur leur sécurité. Ce combat apparaît aujourd’hui se heurter aux limites qui sont finalement fixées par le degré de détermination des dirigeants politiques à parvenir à posséder ce type d’arme. Pour sa part, la RDPC qui avait déclaré en février 2005, détenir un potentiel nucléaire, a démontré le 9 octobre dernier, la force de sa détermination. L’équilibre stratégique de l’Asie est désormais remis en question.
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