Un nouveau contexte pétrolier s’est installé en Afrique à la faveur de la hausse des cours des hydrocarbures. De nombreux acteurs américains, européens ou asiatiques rivalisent pour la maîtrise d’une scène pétrolière renouvelée par des découvertes récentes. Cette compétition risque de renforcer les effets pervers de l’or noir souvent observés dans les États fragiles : économies déstructurées, corruption généralisée, environnement et droits de l’homme bafoués. D’un autre côté, des initiatives internationales militent pour un comportement plus responsable des sociétés minières et des États impliqués dans les activités extractives, afin que celles-ci contribuent mieux au développement. Cet article vise à éclairer les perspectives dessinées par la rencontre de ces deux dynamiques contradictoires.
La ruée vers l'or noir : une chance pour sortir l'Afrique de l'impasse ?
The Black Gold Rush: an opportunity to get Africa out of its impasse?
A new oil scene is emerging in Africa, thanks to the rising price of petroleum products. Many players, American, European or Asian, are competing to dominate this scene, given fresh impetus by recent discoveries. This competition risks compounding the perverse effects of black gold so often observed in weak states: distorted economies, generalised corruption, damaged environments and human rights abuses. On the other hand, a number of international initiatives are encouraging more responsible behaviour amongst mining companies and states involved in the extraction process, with a view to making them contribute more effectively to development. This article attempts to clarify the prospects opened up by the encounter between these two contradictory movements.
La scène pétrolière africaine est traversée de dynamiques contradictoires. D’un côté, les perspectives du marché mondial des hydrocarbures ne semblent pas de bon augure pour le développement de l’Afrique. Le continent fait figure, sur le temps long, de pourvoyeur dominé des matières premières de la mondialisation. Plus que toute autre activité extractive, l’exploitation pétrolière y attise conflits, corruption, atteintes à l’environnement et aux droits de l’homme, empêchant la construction d’institutions solides et d’économies diversifiées.
L’or noir apparaît ainsi très lié au cercle vicieux du sous-développement. Or, la hausse de la demande mondiale et les incertitudes géopolitiques du Proche et du Moyen-Orient stimulent la compétition entre puissances et compagnies pétrolières pour le contrôle des ressources. Face à des États faibles, ces rivalités risquent d’aviver les effets négatifs de l’or noir. Les plus pessimistes redoutent la généralisation du chaos, avec ses corollaires de pression migratoire sur l’Europe et de contribution croissante au terrorisme mondial. Dans le même temps, un mouvement international pour l’amélioration de la gouvernance pétrolière s’accompagne d’un certain nombre de progrès dans les pays producteurs, qui pourraient écarter le spectre de la « malédiction pétrolière » et permettre à l’or noir de contribuer au développement. Cet article vise à éclairer la confrontation de ces processus opposés.
On commencera par présenter la nouvelle scène pétrolière africaine (1) sous l’angle de la géographie des ressources et de la forte dépendance énergétique des États, qu’ils soient ou non producteurs. Puis, on analysera les stratégies pétrolières des différents acteurs, historiques (européens, états-uniens) ou récents (asiatiques), qui s’affrontent pour le contrôle des ressources pétrolières du continent noir, en s’interrogeant sur leurs implications en matière de développement. Enfin, on questionnera les orientations actuelles en matière de gouvernance pétrolière et les perspectives qu’elles dessinent.
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