Si la présence de la Chine en Afrique fait désormais l’objet de fréquentes publications, le rôle de l’Inde sur le continent noir ne suscite pas pour le moment autant d’intérêt. Pourtant, la diplomatie de New Delhi se montre également particulièrement active sur le continent noir depuis quelques années. Cette stratégie d’influence répond à deux objectifs, énergétique et diplomatique.
L'Inde : une puissance africaine
India: an African power
While China’s presence in Africa is frequently commented upon, for the time being India’s role in the Dark Continent does not arouse the same interest. Nevertheless, New Delhi has also been particularly active in recent years. Its strategy has two principal facets: energy supplies and diplomatic influence.
Si la présence de la Chine en Afrique fait désormais l’objet de nombreuses publications (1), le rôle de l’Inde sur le continent noir ne suscite pas pour le moment autant d’intérêt. Les grandes manifestations d’amitiés entre la Chine et l’Afrique (comme le sommet sino-africain en novembre 2006 à Pékin) ne doivent pas occulter la diplomatie active de New Delhi depuis quelques années. Les multiples rencontres bilatérales, comme la visite du Premier ministre indien Manmohan Singh, en octobre dernier, en Afrique du Sud, en sont l’illustration. Depuis son indépendance en 1947, l’Inde a toujours entretenu des relations étroites avec les pays d’Afrique de l’Est, comme l’Ouganda le Kenya et la Tanzanie, mais désormais son influence s’élargit à l’ensemble du continent. La politique africaine de l’Inde s’articule autour de deux objectifs, assurer son indépendance énergétique et la conforter dans son statut de puissance politique ; mais l’Inde se heurte à l’influence grandissante de la Chine.
À la conquête de l’Afrique
Avant même son indépendance, l’Inde a montré un réel intérêt pour le continent noir, en participant activement au combat contre l’apartheid en Afrique du Sud. Dès 1946, l’Inde fait adopter par l’Assemblée générale des Nations unies, la résolution 44 condamnant la ségrégation envers les Hindous établis en Afrique du Sud (2). Et l’Inde va alors devenir l’un des plus farouches adversaires de ce système discriminatoire pendant plus de quatre décennies. Rajiv Gandhi sera l’instigateur du programme Action for Resisting Invasion, Colonialism and Apartheid (Africa) présenté lors du Sommet du Mouvement des non-alignés à Harare en 1986.
Nombre de dirigeants africains, comme Kwame Nkrumah au Ghana, Julius Nyerere en Tanzanie ou Kenneth Kauda en Zambie, s’inspirèrent des principes de non-violence défendus par le Mahatma Gandhi pour mener leur combat en faveur de l’indépendance. En 1964, a été défini le programme indien de coopération économique et technique (3) destiné à offrir une assistance à de nombreux pays du Tiers-Monde. Mais dès la fin des années 60, l’influence de l’Inde en Afrique s’affaiblit. Le Mouvement des non-alignés ne parvient pas à taire ses divisions (4). Contrairement à la Chine, l’Inde se refusait à livrer des armes aux mouvements révolutionnaires combattant en Afrique. Cette attitude explique notamment sa passivité dans le long conflit de décolonisation en Angola, alors que Pékin soutient Jonas Savimbi à la tête de l’Union nationale pour l’indépendance totale de l’Angola (Unita).
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