Revue des revues - Europaïsche Sicherheit, n° 9/2006 : « Terrorisme islamiste et réactions occidentales ».
R. Clement rappelle que la communauté internationale (ONU, Otan) a immédiatement après le 11 septembre 2001 « déclaré la guerre au terrorisme islamiste ». On a dit que « la politique de sécurité changeait d’ère » et de nouveaux slogans (menace asymétrique, transformation, dialogue des cultures) fleurissent dans les discussions internationales actuelles.
Cinq ans après, où en sommes-nous effectivement ? Il y avait eu auparavant des attentats mais ni aussi énormes, et ni au cœur de l’hyper-puissance. Plus qu’aux appareils des États, Al-Qaïda s’en prend, systématiquement et au mépris des vies humaines, aux cibles symboliques de leur prospérité. La riposte exige des réactions extrêmement diversifiées. Les forces armées se sont transformées (unités d’intervention rapide en alerte, adaptation des concepts et des matériels). La coopération internationale entre services de renseignement et de police a fait un bond, un peu retombé depuis, mais là où elle fonctionne maints attentats ont été déjoués. Il reste à couper le terrorisme de son terreau, la frustration de sociétés musulmanes arriérées auxquelles télévision, cinéma et publicités mettent constamment sous les yeux une prospérité occidentale qu’elles se sentent incapables d’atteindre pour elles-mêmes. Ajoutons des régimes politiques figés, de multiples frictions ethniques ou autres, et une démographie galopante ; l’ensemble crée des situations de plus en plus explosives. Quelle aide apportent les États industrialisés pour diminuer les frustrations de ces sociétés ? Ils y consacrent des moyens parfois considérables (Afghanistan) pour rebâtir des États viables, mais tenter de résoudre ainsi les problèmes de toutes ces sociétés dépasse nos capacités et mettrait en péril notre propre stabilité. L’aide va surtout où sont nos intérêts, d’où reproche facile d’injustices. Certaines interventions produisent même un effet inverse de celui espéré (Irak) à cause d’un sentiment excessif de supériorité et d’un manque de respect pour les hommes et les cultures locales de la part des forces armées engagées.
Dans le monde musulman, le « 9/11 » a servi de coup d’envoi aux groupes fondamentalistes qui tiennent la violence et la terreur pour des arguments politiques licites. Leur dureté et leur virulence s’en sont trouvées redoublées. Pour le monde développé a commencé alors un combat infiniment ardu contre ce terrorisme. Maints pays d’orientations différentes ont alors rejoint la coalition, mais certains gouvernements musulmans, conscients que la mentalité de leur population risquait d’aboutir à leur renversement, ont progressivement pris leurs distances. Voyant que la communauté n’approuve pas ses méthodes en Tchétchénie, la Russie aussi est devenue réticente tant qu’elle n’est pas elle-même victime du terrorisme chez elle.
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