« Inclure les Américains, exclure les Russes, maîtriser les Allemands » : Lord Ismay, premier secrétaire général de l’Otan, définissait ainsi le rôle de l’organisation dans les années 50 ; et tout le monde pensait que le projet était révolu de nos jours. Tout le monde, sauf les Russes qui persistent à trouver que l’Otan cherche à les exclure. Sincère ou calculée, cette attitude a en tout cas animé l’année 2007, au point qu’on peut parler d’un retour de la question russe en Europe, et donc de la question européenne dans les priorités stratégiques américaines ; mais n’était-ce pas l’objectif de Moscou ?
Retour de la question russe, retour de la question européenne
Resurgence of the Russian question, return of the European debate
‘To keep the Americans in, the Russians out and the Germans down’ was how Lord Ismay, the first Secretary General of NATO, defined the purpose of the organisation. That was in the 1950s, and everyone considers that this view belongs to the past. Everyone that is, except the Russians, who continue to believe that NATO seeks to exclude them. Whether sincere or calculated, this attitude has in any event coloured the year 2007 to the point where we can speak of a return of the Russian question in Europe, and hence of the European question in American strategic priorities. But was this Moscow’s objective?
Serions-nous en présence d’un contre-endiguement russe de l’Occident ?
Tout a apparemment commencé par le discours de M. Poutine à la conférence de sécurité de Munich, le 10 février dernier (1) : « Il ne faut pas substituer l’Otan et l’Union européenne à l’ONU ». « Il se trouve que l’Otan rapproche ses forces avancées de nos frontières, tandis que nous, qui respectons strictement le Traité (sur les Forces conventionnelles en Europe, FCE), ne réagissons pas à ces démarches ». « L’élargissement de l’Otan n’a rien à voir avec la modernisation de l’Alliance, ni avec la sécurité en Europe. Au contraire, c’est un facteur représentant une provocation sérieuse et abaissant le niveau de la confiance mutuelle ». Les commentateurs ont surtout retenu les critiques du bouclier antimissiles (BAM) : « Qui a besoin d’une nouvelle relance de la course aux armements ? ».
Chronique des frictions septentrionales
Sur les multiples fronts du discours de M. Poutine (traité FCE, OSCE, énergie), la diplomatie russe allait multiplier les escarmouches.
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