L’Otan à venir doit prendre en compte les difficiles réalités qu’elle vit ces dernières années et qui, malgré son souci permanent de transformation, bouchent peu à peu son horizon. Il s’agit de défis organisationnels, opérationnels et politiques. Rien de tout cela n’est vraiment nouveau, mais la conjonction actuelle de tous ces défis risque de fragiliser l’organisation atlantique héritée de la guerre froide jusqu’à remettre en cause son bien fondé. C’est aussi le moment pour la France de normaliser sa position militaire dans l’Alliance.
L'Otan à venir
The future NATO
The NATO of the future will have to take account of the demanding situations that it has lived through in recent years and that, despite its ongoing desire for change, have to some extent clouded its outlook. These challenges have been operational, organisational and political. There is nothing really new in this, but the current juxtaposition of these challenges threatens to weaken the Atlantic organisation that emerged from the Cold War, perhaps even calling into question its very foundations. It is also time for France to regularise its military position within the Alliance.
L’organisation du traité de l’Atlantique Nord, conçue pendant la guerre froide pour donner corps à l’Alliance atlantique n’a cessé de s’adapter depuis pour prendre en compte les nouvelles réalités stratégiques auxquelles étaient confrontés les Alliés depuis la fin des blocs et l’effondrement soviétique. Deux concepts stratégiques après cette étape décisive (ceux de Rome en novembre 1991 et de Washington en mars 1999) et deux ans avant l’élaboration probable d’un nouveau concept en 2009 pour le « sommet du Soixantenaire », il est légitime de se poser à nouveau la question du devenir de cette organisation que la France s’apprête à regarder d’un œil dépassionné, voire à réintégrer militairement si c’est demain son intérêt et celui de ses Alliés. L’Otan a-t-elle trouvé le bon point d’équilibre entre ses membres et leurs préoccupations de sécurité ? A-t-elle élaboré des solutions pertinentes et durables aux problèmes qu’elle a traités ? A-t-elle su maintenir voire renforcer la cohésion stratégique de ses membres ? Possède-t-elle encore des marges d’élasticité, de flexibilité ? L’Otan à venir intéresse à l’évidence ses propriétaires et ses clients, mais aussi ses partenaires qui observent son évolution avec attention, qu’ils la regardent de Moscou, Alger, Jérusalem, New Delhi, Tokyo ou Buenos Aires…
Or cette Otan-là est confrontée dans de nombreux domaines à de multiples défis qu’elle peine à relever aujourd’hui, qu’il s’agisse du champ organique, du champ opérationnel ou du champ politique.
Organisation-structures
Commençons par les structures et par le champ organisationnel, ce qu’on appelle l’organique de l’Otan. Sans revenir sur la question du dialogue (1) construit que doivent entretenir Américains et Européens au sein de l’Alliance pour la faire vivre efficacement et produire de la sécurité au profit de leurs intérêts communs, quelques questions graves méritent qu’on s’y arrête. La structure militaire territoriale de l’Alliance a-t-elle encore un sens ? La planification de défense (notamment celle des technologies et des capacités) est-elle encore possible ? Bien d’autres sujets pourraient être examinés, comme celui des ressources financières, celui du caucus européen, celui de la compétition larvée entre IESD et PESD (2) ou encore celui de la prééminence américaine dans les structures de l’Otan. Tous engagent l’avenir.
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