Revue des revues
R. Clement se plaint de l’absence persistante de débat sur la politique de sécurité allemande ; la Cour constitutionnelle s’en occupe souvent, mais sa compétence se borne à vérifier, juridiquement, si un processus est conforme à la Loi fondamentale. À une plainte du LP (Linke Partei : transfuge du SPD + ex-communistes) contre l’envoi en Afghanistan de Tornado de reconnaissance, elle répond que l’Allemagne doit remplir ses obligations envers l’ONU (qui a décidé les opérations en Afghanistan) et l’Otan, chargée de les diriger. Choisir les moyens à engager relève par contre du gouvernement sous contrôle du Bundestag.
Clement déplore l’absence de débat fondamental sur les principes de base de la politique allemande de sécurité d’où sortirait un consensus sociétal clair dont le manque biaise les récentes discussions sur l’Afghanistan.
L’Otan est-elle toujours celle à laquelle a adhéré la RFA ? « Organisation de la défense collective », les défis nouveaux (terrorisme…) en ont fait un « prestataire de services de sécurité et de défense », sans toucher à son domaine-cœur : l’obligation pour chaque membre de réagir si l’un d’eux est attaqué. Depuis 1999, ses modifications procèdent par « communiqués », votés par tous ses chefs de gouvernement, mais qui n’ont pas besoin de ratification parlementaire. Cette procédure peu contraignante convient à la frilosité de beaucoup des Alliés — « l’Allemagne n’est pas seule à manquer de courage » — puisqu’aucun ne suggère de modifier le Traité de l’Atlantique Nord pour y inclure des dispositions sur la lutte antiterroriste ou la participation aux « opérations casques bleus ». L’étude d’un nouveau concept stratégique figure à l’agenda de chaque « sommet », sans qu’on n’en traite jamais en réunion, de peur d’exigences accrues qui n’obtiendraient pas l’indispensable unanimité des chefs de gouvernement. On se satisfait donc d’un certain flou.
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