« La nouvelle stratégie russe à l’égard de l’UE consiste en l’affaiblissement des 27 à travers des contentieux ponctuels avec des pays membres. L’embargo sur la viande polonaise, les tensions avec l’Estonie, l’affaire Litvinenko et l’indépendance du Kosovo sont utilisés par Moscou afin de diviser les Européens et de bloquer l’émergeance de la politique étrangère européenne. Pendant sa présidence de l’UE, la France doit travailler au renforcement de la solidarité entre les 27 pour élaborer une véritable politique extérieure commune ».
La stratégie russe à l'égard de l'Union européenne
Russia's EU strategy
Russia’s new strategy regarding the EU consists in weakening the 27 through specific disputes with individual member countries. The embargo on Polish meat, tensions with Estonia, the Litvinenko affair and Kosovo’s independence are used by Moscow to split the Europeans and hinder the emergence of a European foreign policy. During its EU presidency, France must work on strengthening solidarity among the 27 to work out a real common foreign policy.
La proclamation de l’indépendance par le Kosovo a transformé la géopolitique européenne. Comme en 2003 à l’occasion de la guerre en Irak, l’Union européenne est divisée politiquement. Désormais, aux côtés de l’Italie, de la Grande-Bretagne, des pays scandinaves, de la Pologne, de la Belgique et des pays Baltes, mais aussi des États-Unis et de la Turquie, la France et l’Allemagne s’opposent à la Russie, qui fédère autour d’elle tous ceux qui abritent d’importantes minorités historiques, l’Espagne, la Roumanie, la Slovaquie, la Grèce et Chypre.
Le camp conduit par la Russie comprend également des pays membres de la CEI tels la Biélorussie, le Tadjikistan, la Moldavie, la Géorgie et l’Azerbaïdjan. Tout porte à croire que le Kremlin profitera de cette nouvelle division au sein de l’UE pour l’affaiblir par des désaccords entre les 27. À cette fin, Vladimir Poutine impose le dialogue direct avec les quatre « poids lourds » de l’Union — France, Grande-Bretagne, Allemagne et Italie — considérés comme « utiles » selon l’agenda du moment. Cette approche différentielle empêche la formation d’une politique commune à l’égard de la Russie (1). Dans le même temps, le dialogue Russie-UE se trouve périodiquement bloqué à l’initiative de Moscou qui instrumentalise habilement les contentieux qui l’opposent à des pays membres pour accroître des tensions entre les 27. Ces conflits ponctuels ont amorcé le divorce politique de l’Union européenne bien avant l’affaire du Kosovo.
Ainsi la Fédération de Russie a-t-elle entretenu des différends avec la Pologne (embargo sur les importations de la viande), avec l’Estonie (tensions à propos de la communauté russe) et avec la Grande-Bretagne (affaire Litvinenko). Avant de présenter ces sources de tension et leurs conséquences sur la politique étrangère de l’Union, il faut rappeler l’effet de l’intégration en 2004-2007 de dix pays de l’Est, sur cette politique.
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