Plusieurs signes montrent que l’Amérique veut une Union transatlantique. Les termes du contrat sont renouvelés. Rompant avec la vieille position uniquement otanienne, les États-Unis semblent accepter la position « bruxelliste » suggérée par M. Sarkozy : à la fois l’Otan et une Europe autonome de la défense. C’est un bouleversement radical qui est ainsi à l’œuvre. S’il est peu probable qu’il sera visible dès Bucarest, il devrait toutefois modifier en profondeur les relations transatlantiques dans les quinze mois à venir.
La nouvelle ligne américaine : oui à l'Europe de la défense
The new American line: yes to an European defence identity
There are several indications that America wants a transatlantic union. The terms of the deal have been re-shaped. Breaking with the old ‘NATO only’ position, the United States seems to be accepting the ‘Brusselist’ concept suggested by Mr Sarkozy: both NATO and an autonomous European defence identity. So a radical change is under way. Although unlikely to be visible from Bucharest, it should profoundly modify transatlantic relations in the next 15 months.
Les discours de Mme Nuland, ambassadeur des États-Unis auprès de l’Otan, que Défense nationale et sécurité collective présente dans ce numéro sont exceptionnels, car ils marquent un revirement net de la politique américaine envers l’Europe de la défense. Ils nécessitent d’être expliqués et mis en perspective. Cela permet de comprendre pourquoi la « ligne bruxelliste » (1) (à la fois l’Otan, et l’UE) prend l’ascendant de part et d’autre de l’Atlantique et comment elle devrait se mettre en place dans les mois à venir.
Les raisons du revirement
L’observateur discerne deux types de raisons à ce revirement : elles sont militaires et politiques.
Causes militaires
Le premier facteur qui a poussé Washington à changer sa ligne stratégique vient évidemment des difficultés rencontrées en Irak et surtout en Afghanistan. Certes, sous la houlette du général Petraeus, la situation irakienne s’améliore. C’est bien sûr dû à une nouvelle pratique des actions de contre-rébellion (en anglais : Coin ou Counter-insurgency), à des accords évidents avec les tribus sunnites et l’appareil politique chiite, enfin à une séparation des territoires religieux qu’on ne saurait nommer épuration ethnique, puisque ce n’est pas correct. Toutefois, l’armée américaine a appris durement en Mésopotamie que la supériorité technique ne suffisait pas et qu’il fallait penser la stabilisation.
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