Ambiguë et confuse par sa nature et par son objet, dépourvue de rigueur méthodologique, la réflexion préparant le Livre blanc sur la Défense et la Sécurité nationale a masqué l’ampleur et la complexité à mettre en œuvre une grande politique de sécurité nationale. Amenée à s’attaquer, de surcroît, aux phénomènes désintégrateurs qui menacent la cohésion nationale, cette grande politique pourrait jouer des potentiels de sociabilité et de rayonnement culturel que conservent les armées. Encore faudrait-il qu’elles soient présentes dans le paysage national.
Livre blanc et politique de sécurité nationale
The White Paper and national security policy
With a confused and ambiguous nature and aim, and lacking rigorous methodology, thinking in preparation for the White Paper on defence and national security has obscured the scope and complexity of the work required to produce a comprehensive national security policy. This would, among other things, look at the phenomena that risk fuelling national disintegration, and take advantage of the armed forces’ potential for improving social and cultural cohesion. But of course to do that they need greater visibility on the national landscape.
Les travaux préparatoires à la rédaction du Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale (1) n’ont-ils été qu’un leurre ? Un Livre blanc n’est pas le reflet d’une politique. Il peut même en masquer les choix. L’objet de ces travaux est confus. La composition hétéroclite de la commission qui en est chargée, ses délais et ses méthodes de travail sont bien peu appropriés à la complexité d’une réflexion sur une politique de défense ou de sécurité nationale et à la rigueur qu’elle exige.
Il reste que devant un paysage national et international qu’obscurcissent les mutations du temps présent une grande politique de sécurité nationale devient urgente. Il ne suffit plus de préserver notre vieux pays des multiples formes de chocs qui risquent de le toucher directement ou non. Il devient aussi nécessaire de s’attaquer à ses vulnérabilités sociales et culturelles. Cela implique la mobilisation des ressources des grands pôles d’activité de l’État. Celles des armées ne se réduisent pas à leurs capacités opérationnelles. Elles détiennent aussi de précieuses ressources sociales et culturelles. Il faut en imaginer des possibilités d’emploi sans les distraire de leurs missions. Encore faudrait-il que des mesures à venir ne pèsent pas lourdement sur le devenir du militaire dans le paysage français !
Ambiguïtés !
Les commentateurs des travaux qui préparent la rédaction d’un nouveau Livre blanc sur la défense ont confondu l’élaboration d’une politique avec la rédaction d’un Livre blanc. La lettre de mission du président de la République qui a lancé cette réflexion entretenait l’ambiguïté. Partant des « choix décisifs » que rend nécessaire le « bouleversement de l’environnement international », elle exprimait la volonté d’engager « une réflexion approfondie sur notre politique générale de défense » ; et de préciser que cette réflexion « devra aboutir à l’établissement d’un Livre blanc qui définira un concept de défense globale » (2).
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