L’analyse des réseaux d’acteurs sur Internet est aujourd’hui un enjeu dans nombre de domaines comme l’intelligence économique, les cybercriminalités et les risques sectaires et terroristes. L’objet de cet article est de présenter de manière pratique les problématiques d’analyse réseaux, ainsi que les méthodes et techniques mises en œuvre.
Analyse des réseaux humains sur Internet : enjeux, limites et perspectives
Analysis of human networks on the Internet: challenges, limits and prospects
Analysis of Internet user groups plays a part today in a number of fields including economic intelligence, cybercrime and sectarian and terrorist activities. This article aims to offer a simple explanation of the issues relating to the analysis of these user groups, together with the methods and techniques employed.
Les organisations ont toujours fonctionné, constitué et généré des réseaux, et leur étude ne date pas d’hier. En effet, l’analyse de réseaux fut de tout temps le travail central des services de contre-espionnage, et depuis plus d’un siècle celui des deuxièmes bureaux d’états-majors. L’analyse des réseaux de transmission (ordre de bataille des transmissions – OBT), apparue avec la Seconde Guerre mondiale, relève aujourd’hui encore de la guerre électronique sur certains champs de bataille.
Les réseaux, dans leur acception sociale, sont par essence humains, les réseaux techniques n’étant qu’un ensemble de moyens mis à la disposition des sociétés humaines pour communiquer. Toutefois, considérant que les moyens techniques déterminent en grande partie l’information et la communication, on parle aujourd’hui de « dispositif socio-technique » pour définir un ensemble d’individus communiquant par l’intermédiaire d’un système d’information et de communication. Un réseau serait par conséquent un système dont l’étude doit être envisagée à la fois dans ses aspects humains et techniques. Il se compose ainsi de différents niveaux et grilles de lecture nécessaires à sa compréhension : groupe d’individus qui communiquent, structure sociale du réseau, moyens techniques, flux d’information, contenu, etc. ; le tout étant sous-tendu par l’intention, le rôle, la logique du réseau.
Cette compréhension préalable du réseau permet d’appréhender son étude à des fins opérationnelles, sans tomber dans le piège de la simplification. Car autant le dire, un réseau est un système complexe, qui peut être ouvert (agora) ou fermé (espace cryptique), ou bien les deux à la fois (collèges invisibles au sein d’un réseau ouvert). Il représente une somme d’interactions reposant sur le principe de l’échange et du partage : d’identité et de fraternité (réseaux d’anciens, sociétés initiatiques), de connaissance (communautés de pratiques, think tanks), d’information (réseaux de renseignement), d’action (réseau terroriste)… Cette notion de communauté est indissociable d’une culture propre à chaque réseau, laquelle repose sur une identité, une histoire, un paradigme, un langage, des valeurs partagées, défendues ou débattues.
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