L’Armée de terre est engagée dans un contexte opérationnel particulièrement mouvant (théâtre et milieux divers, ennemi). Le processus d’adaptation réactive a pour but de pallier rapidement le risque de perte de supériorité opérationnelle qu’engendrent ces évolutions, en adaptant de façon cohérente la doctrine, la formation, l’entraînement et les équipements.
Répondre à l'urgence opérationnelle : la fonction adaptation réactive
Urgent operational requirements: reactive adaptation
The Army is operating in a fast-moving context. The aim of the process of adapting to changes in the theatre, terrain and enemy is to avoid any resultant loss of operational superiority. This implies coherent adaptation of doctrine, training and equipment.
Le 16 avril 1917 des chars français s’engagent pour la première fois dans la bataille, à Berry au Bac. 35 chars sur 121 s’enflamment sous les tirs d’artillerie. Le 5 mai 1917, ils repartent au combat pour la deuxième fois au Moulin de Laffaux ; cette fois, aucun char ne subit le même sort, car des modifications techniques ont été apportées pour réduire la vulnérabilité de l’engin. Le mois dernier, pour faire face au durcissement des engagements en Afghanistan, l’état-major de l’Armée de terre a décidé de lancer la réalisation urgente d’équipements de protection du combattant. Les programmes d’armement en cours de développement ont pour but de pérenniser l’avantage technique dont disposent encore les armées occidentales face à leurs adversaires. Or leur cycle de développement (de 10 à 30 ans) ne permet pas d’anticiper l’ensemble des conditions d’emploi futures dès la phase de conception. Désormais en mesure d’acquérir rapidement, parfois sur étagère des capacités susceptibles de mettre en péril la supériorité opérationnelle de nos forces dans des domaines sensibles (télécommunications, armements antichars, pièges…), nos adversaires tentent, souvent avec succès, d’échapper au piège de l’asymétrie dans lequel les enferme notre supériorité technologique et tactique.
Mettre en œuvre rapidement des solutions palliatives aptes à rétablir cette avance opérationnelle un moment perdue est un enjeu majeur (1). C’est pourquoi le chef d’état-major de l’Armée de terre a décidé de doter les forces terrestres d’un processus d’adaptation réactive leur permettant de s’adapter plus vite et de façon cohérente en termes de doctrine, de formation, d’entraînement et d’équipements, voire d’organisation. Se situant entre les mesures de conduite immédiates et les programmes d’armement, il doit répondre aux besoins opérationnels urgents par l’amélioration d’un matériel existant, l’acquisition d’un matériel plus performant ou aux fonctionnalités nouvelles, tout en raccourcissant les délais de réalisation ou d’acquisition.
Il se définit comme un processus permettant d’identifier le juste besoin opérationnel, de le recenser en lui donnant la priorité, d’exploiter toutes les ressources des procédures existantes et d’en contraindre les délais pour aboutir à la décision de réalisation de l’équipement qui répond au besoin.
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