Le rôle de l’armée vis-à-vis de la jeunesse a été déterminant à la fin du XIXe siècle. À la lumière de l’échec de 1870, la société militaire a vu sa pensée, sa composition et son influence se modifier, en métropole comme dans l’aventure coloniale. Le service universel instauré en 1872 a joué un rôle central dans cette évolution, donnant à l’armée un rôle social déterminant. Aujourd’hui, dix ans après la suspension de la conscription, les armées jouent un rôle social amoindri, alors que la jeunesse rencontre des difficultés grandissantes, notamment chez les jeunes les moins favorisés. Y a-t-il aujourd’hui une nouvelle nécessité de régénération sociale ? Les armées peuvent-elles jouer un rôle pour y participer ?
Vers un nouveau rôle social des armées
Towards a new social role for the military
The French Army played a decisive role vis-à-vis the country’s youth at the end of the nineteenth century. Following the defeat of 1870, the thinking, composition and influence of the military evolved both in France and its colonies. Universal military service, introduced in 1872, played a central part in that change, giving the Army a decisive social role. Today, ten years after the ending of conscription, the armed forces play a less prominent social role, whereas the youth of today, particularly the less privileged, are facing increasing difficulties. So is there a new need for social regeneration, and can the armed forces play a role in this?
« N’existe-t-il donc pas un cadre, dans l’acception militaire du terme, capable par nature d’exercer une action plus étendue que les autres, et si ce cadre existe, n’est-il pas le premier à pénétrer de la nécessité et de l’urgence du devoir social ? » Lyautey, Le rôle social de l’officier, 1891
L’idée du rôle social de l’officier, a émergé avec le capitaine Lyautey il y a plus d’un siècle (1). Elle correspondait alors à une nécessité de régénération de la Nation, partagée par les chefs politiques et militaires accablés par la défaite de 1870. Les actions conduites qui en découlèrent influencèrent de manière déterminante la jeunesse de l’époque, et contribuèrent à façonner telles un ciment la IIIe République. Le bénéfice retiré n’est contesté par aucun historien aujourd’hui. Pourtant, les leçons de l’histoire semblent avoir été mises entre parenthèses quand il y a maintenant douze années, le service universel a été suspendu, sans contrepartie. Aujourd’hui, le sujet revient de plein fouet sur le devant de la scène face à la situation sociale alarmante d’une partie importante de notre jeunesse.
Une jeunesse en difficulté
Constat social alarmant
Chaque année, 150 000 jeunes quittent le système éducatif sans diplôme ou avec le seul brevet, soit près de 20 % d’une classe d’âge (800 000 jeunes) (2). Parmi eux, 60 000 n’ont pas dépassé le niveau 3e (collège) ou 1re année CAP/BEP, soit 8 % d’une génération.
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