L’Otan a pâti de la guerre de Géorgie, qu’elle a indirectement provoquée et à laquelle elle n’a apporté aucune solution. Dès lors, l’affaiblissement américain et la relecture de l’article 5 ont remis au goût du jour le débat sur le découplage transatlantique, même si le mot a été rarement prononcé. Elle est donc obligée de jouer un jeu en demi-teinte, dans lequel elle a finalement peu d’initiatives.
L'Otan et la crise géorgienne
NATO and the Georgian crisis
NATO has suffered from the Georgian war, which it had provoked indirectly and to which it has not brought any solution. The weakness of the United States and the reassessment of Article 5 have once again given prominence to the debate on Atlantic decoupling—even if that term has rarely been used. The Alliance is henceforth obliged to play a minor role in which, finally, it has few real choices.
Ainsi que nous l’avons remarqué précédemment, le Sommet de Bucarest, qui était consacré à l’élargissement au profit notamment de l’Ukraine et de la Géorgie, s’est conclu par une disposition mi-chèvre mi-chou, qui laissait ouverte la voie à tous les possibles. Ceux-ci étaient au nombre de trois : une intégration rapide à l’organisation ; une prolongation du statut intermédiaire ; l’abandon durable des perspectives d’intégration. La première option était celle des aspirants, et explique l’attitude du président géorgien qui a voulu forcer le destin, le 7 août 2008. La deuxième était celle des Occidentaux, pas si pressés que cela d’accueillir de nouveaux membres. La troisième était celle de la Russie, et explique sa réaction du 8 août.
Nous ne reviendrons pas sur l’amoncellement des provocations russo-géorgiennes qui ont émaillé le printemps, et qui ont rendu les choses hautement prévisibles (1). La seule question était celle de l’incident déclencheur. Le destin a voulu que ce fut la Géorgie qui prît l’initiative. Or, si les deux parties voulaient également la guerre, celle qui la déclenchait en prenait la responsabilité et assumait durablement le rôle de « fauteur de troubles ». C’est peut-être injuste, mais c’est la vérité médiatique. D’autant que les Russes surent habilement utiliser leurs moyens de propagande (eux aussi savent utiliser les opérations d’information) et dénoncèrent le « génocide » provoqué par l’action géorgienne.
Une Otan peu audible
La Géorgie avait tablé sur un soutien américain. Celui-ci ne fut que déclaratoire. Les protestations vigoureuses des États baltes, de la Pologne et de l’Ukraine, rejoints un peu plus tard par la Suède et le Royaume-Uni, se cantonnèrent au seul registre disponible, celui de la parole. L’Alliance elle-même, au-delà des déclarations vigoureuses de son secrétaire général (2), constata qu’à la suite des États-Unis, elle ne pouvait rien faire. Ce fut l’Europe qui prit les affaires en main, sous la houlette du président français : Nicolas Sarkozy négociait avec Moscou un cessez-le-feu dès le 12 août, et le précisait au mois de septembre.
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