Le bilan de la Politique européenne de sécurité et de défense au second semestre 2008 est un peu particulier dans la mesure où c’est la France, principal promoteur de la PESD, qui exerçait la présidence de l’Union durant cette période. Alors qu’elle devait faire face à la crise géorgienne, la présidence française s’est attachée à faire avancer le dossier des capacités de gestion de crise. On cherchera en vain un nouveau grand projet dans le domaine de la sécurité et de la défense. En revanche, les États membres ont développé des collaborations nombreuses qui pourraient à l’avenir renforcer sensiblement le potentiel de la PESD.
La PESD au second semestre 2008
ESDP in the second half of 2008
The results of European Security and Defence Policy (ESDP) in the second half of 2008 were rather untypical, in that it was France, the driving force behind ESDP, which held the presidency of the Union during this period. While confronting the Georgian crisis, the French EU presidency set out to tackle the issue of crisis management capabilities. In addition, the member states developed collaborative initiatives that could appreciably reinforce ESDP’s potential.
Au sein de l’Union européenne, la France est sans doute l’État membre qui a le plus contribué au développement de la Politique européenne de sécurité et de défense (PESD). Elle est, avec le Royaume-Uni, à l’origine directe du projet (1) et son apport, en termes institutionnels et capacitaires, est considérable. Le bilan de la PESD au second semestre revêt donc un caractère particulier, en raison de cette spécificité française et parce que la présidence française de l’Union européenne (PFUE) a fait de la « défense » l’une de ses priorités, avec l’agriculture, l’immigration et l’environnement. La précédente présidence française, qui remontait au premier semestre 2001, avait déçu nombre d’observateurs, tant par la faiblesse des moyens qui avaient été dégagés que par la modestie des résultats obtenus. Paris était donc attendu au tournant, dans un contexte politique marqué par la nécessité d’une relance, de la construction européenne en général — après le rejet du traité constitutionnel — et de la PESD en particulier. En outre, les Européens étaient curieux d’observer quelle direction allait prendre le nouveau pensionnaire de l’Élysée, notamment sur les thèmes de la sécurité et de la défense. Rappelons que la PFUE a démarré en juillet 2008, quelques jours après la publication du nouveau Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale qui annonce un infléchissement de la position française, notamment dans ses rapports avec l’Otan.
Outre les difficultés liées au contexte financier et économique, le président Sarkozy, pour sa première expérience à la tête de l’UE, a été confronté à la crise russo-géorgienne dès le mois d’août 2008. La nécessité d’une réaction rapide face à un conflit situé aux portes de l’Union a de toute évidence bousculé le programme de travail mis au point par la France. Il a aussi donné l’occasion de tester à nouveau la capacité de l’UE à gérer les crises, via la Pesc-PESD.
L’adoption par le Conseil européen, en décembre 2008, d’une déclaration sur le renforcement de la PESD (2) reflète le volontarisme de la présidence française. Conformément aux vœux exprimés par la France, les chefs d’État et de gouvernement ont souhaité conférer un « nouvel élan » à la Politique européenne de sécurité et de défense. Le contenu de la déclaration et des documents auxquels elle fait référence n’apporte cependant aucun bouleversement véritable. Pour aller au-delà du niveau de réalisation actuel en matière de gestion des crises, les États membres ont décidé d’accélérer le processus de renforcement capacitaire. Ils ont suivi en cela la direction indiquée, avec beaucoup de pragmatisme, par la présidence française. La PFUE s’est aussi efforcée, mais avec moins de conviction et moins de succès, de faire avancer l’idée de l’autonomie stratégique de l’UE.
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