En retrouvant la démocratie après plus de vingt ans de dictature militaire (1964-1985), le Brésil avait jusqu’à présent négligé sa politique de défense. Ce temps est désormais révolu et le géant et leader naturel de l’Amérique du Sud cherche aujourd’hui à construire un outil militaire moderne, adapté à ses ambitions géopolitiques et assurant la protection de ses ressources naturelles en Amazonie et en Atlantique. Cet objectif passe par la reconstruction d’une base industrielle de défense et par des transferts de technologies, en matière de construction de sous-marins et d’aéronautique, qui sont la base du partenariat stratégique signé avec la France fin 2008. Ce partenariat prévoit notamment une coopération bilatérale dans la construction d’un sous-marin nucléaire d’attaque brésilien, le premier du genre en Amérique latine, qui serait un véritable instrument de dissuasion digne d’un grand acteur mondial.
Ambitions internationales du président Lula et partenariat franco-brésilien
President Lula's international ambitions and the Franco-Brazilian strategic partnership
Rediscovering democracy after more than 20 years of military dictatorship (1964-85), Brazil had, until recently, neglected its defence policy. Times have changed, and South America’s giant and natural leader is today seeking to build a modern military instrument, adapted to its own geopolitical ambitions, which can ensure the protection of its natural resources in Amazonia and the Atlantic. Such an aim requires the reconstruction of a defence industrial base and technology transfer in the areas of submarine and aircraft construction, which is the basis of the strategic partnership signed with France in late 2008. The partnership anticipates, in particular, bilateral cooperation in building a Brazilian nuclear attack submarine, the first of its kind in Latin America, and a real instrument of deterrence worthy of a major player on the world stage.
Le président Sarkozy a scellé le 23 décembre 2008 à Rio, avec son homologue brésilien Lula da Silva, le rapprochement entre la France et le Brésil en signant un « partenariat stratégique », dont la première manifestation est la vente par la France d’une cinquantaine d’hélicoptères de transport et de quatre sous-marins conventionnels. Les deux présidents avaient convenu de développer la coopération en matière de défense lors du sommet franco-brésilien du 12 février 2008 à Saint-Georges-de-l’Oyapock (Guyane).
Vente de matériel militaire et transferts de technologies
Lors de sa visite au Brésil, M. Sarkozy était accompagné d’une délégation d’une trentaine de chefs d’entreprises français, dont Denis Ranque (Thalès, électronique militaire), Louis Gallois (EADS, aérospatiale) et Jean-Marie Poimbeuf (DCNS, chantiers navals). Cette visite officielle bilatérale s’est soldée par la signature de contrats portant sur 8,6 Md€ de ventes d’armes dont 5,2 Md€ à DCNS (notamment 4 sous-marins à propulsion classique, la partie conventionnelle d’un futur sous-marin nucléaire et la construction d’une base de sous-marins), et à Eurocopter (une cinquantaine d’hélicoptères EC-725 SuperCougar) (1). D’autres contrats restent par ailleurs à négocier (missiles Exocet SM39 et torpilles lourdes MU90).
Tous ces contrats s’accompagnent, comme le souhaitait Brasilia, d’importants transferts de technologies et permettront une importante participation de l’industrie brésilienne. Contrairement aux États-Unis et à la Russie, Paris ne rechigne pas à accorder ces transferts. « Je veux que le Brésil ait une armée et cette armée, c’est la France qui la modernisera et qui l’équipera », avait d’ailleurs dit le président Lula lors de la rencontre de février 2008. À ses yeux, la France est en effet le seul pays prêt à garantir l’indépendance du Brésil en acceptant de partager quelques-unes de ses technologies.
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