Extraits de la conférence organisée par le CED à l’École militaire de Paris, le 18 novembre 2008 : « Dans le cadre de la recherche d’information de source humaine : l’obtention d’une information ; qu’est-ce qui fait fonctionner la cible ? ». L’information de source humaine est celle qui se transmet d’homme à homme, et en ce sens demeurera irremplaçable. Mais, pourquoi l’individu ne donne-t-il pas systématiquement une information lorsqu’on la lui demande ? Pour le dire autrement, quels sont les mécanismes de défense de l’information (défendre c’est protéger mais aussi interdire) ? Ludovic Emanuely s’est associé à Christianne Jarquin pour tenter de répondre à cette question. Cet essai est le fruit de leur travail qui, à partir de la question posée, s’est étendu à l’interprétation des conséquences d’un fondement comportemental : la pulsion de vie comme adaptation incessante aux événements environnementaux et motivant nos choix (l’intégralité de l’étude devrait paraître le premier semestre 2009).
Essai sur un fondement comportemental
À partir de l’analyse de la pratique empirique de la collecte d’information de source humaine, les auteurs se sont intéressés au lien entre le chasseur d’information et sa cible pour comprendre les obstacles dans la recherche d’information de source humaine. Fort d’une interprétation psychologique et sociologique de certaines attitudes tel le respect de certaines règles professionnelles par exemple, comment pourrait-on interpréter la résistance de celui qui retient une information ? Plus généralement, serait-il possible de mettre en évidence une constante dans le choix comportemental des individus ? Un tel archétype proposerait sens à tout choix comportemental d’un individu dans l’ensemble des cas. L’intérêt de cet angle d’approche du comportement n’est pas d’en rajouter au simplisme du stéréotype mais d’offrir une grille de lecture invariable et pourtant infinie du comportement humain. Plus exactement, la finalité du choix comportemental se prévoyant, il pourrait être plus aisé de repérer et comprendre les méandres des processus cognitifs intermédiaires entre le moment d’incertitude ou d’hésitation et le moment du choix, (période de déséquilibre et de recherche d’une solution pour un retour à l’état d’équilibre) ce moment où justement une influence extérieure pourrait intervenir modifiant ainsi le cours de la décision.
Selon certains psychologues et précisément Fishbein et Ajzen (1975, théorie de l’action raisonnée), le comportement est fonction de ses conséquences. Selon ce principe, on peut en déduire qu’un individu ne livre pas une information demandée car ayant évalué les conséquences d’une telle démarche, il se refuse à agir dans le sens de la demande extérieure. C’est l’évaluation de la sanction dans un sens large qui nous dirige vers un certain comportement. Généralement, l’individu respecte les coutumes, les règles et les lois de la société, car il n’a pas vraiment le choix de faire autrement. Pourquoi ? C’est sûrement la trace archaïque en nous, du besoin de nos ancêtres à vivre en groupe pour survivre qui nous oblige à ne pas nous distinguer du groupe donc à respecter ses règles. La pire des sanctions était le bannissement, l’exclusion définitive du groupe, car sans celui-ci la survie était gravement mise en cause.
Dans notre essai, nous proposons et développons l’idée qu’une constance comportementale pourrait se résumer à cette hypothèse : nous adaptons toujours notre comportement selon notre apprentissage à la préservation de notre espèce transmis par notre environnement. Cette adaptation s’effectue grâce à un processus d’équilibre dynamique. Cet équilibre qu’est l’homéostasie en biologie devient finalement pour nous, modèle de toute régulation individuelle ou sociale à un changement d’environnement.
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