Voilà dix ans que l’Otan achevait son opération aérienne Force alliée menée contre la République fédérale yougoslave du président Slobodan Milosevic. Après 78 jours de bombardements, celui-ci décidait d’accepter les exigences de la communauté internationale, exprimées par l’ONU et l’Otan, concernant la situation au Kosovo. Que reste-t-il aujourd’hui de cette opération sans précédent ?
L'Otan, « Force Alliée » et le Kosovo, dix ans plus tard
NATO, Allied Force and Kosovo, ten years on
It is now ten years since NATO concluded Operation Allied Force against the Federal Yugoslav Republic of Slobodan Milosevic. After 78 days of bombing, the latter decided to accept the demands of the international community (as expressed by the UN and NATO) regarding Kosovo. What traces are left today of this unprecedented operation?
C’est probablement au 23 mars 1989 que l’on peut dater l’origine des troubles qui vont marquer durant une décennie la province autonome serbe du Kosovo (1). Ce jour-là, le Parlement serbe retire à la région un certain nombre de prérogatives, et d’abord son statut d’autonomie, accordées par la constitution de 1974 de Tito. Quelques jours plus tard, c’est le début d’affrontements qui vont opposer les forces yougoslaves aux Albanais de cette région jusqu’à l’intervention armée des forces occidentales au printemps de 1999.
Durant les années 90, face à l’injustice croissante dont ils s’estiment les victimes, les Albanais du Kosovo (2) structurent et organisent leur résistance contre les autorités serbes à travers notamment la création de l’Armée de libération du Kosovo (UCK) qui voit le jour en 1993. Celle-ci intensifie progressivement ses actions militaires, à partir de 1996 puis surtout en 1998, qui entraînent des réactions violentes des forces militaires et paramilitaires de Belgrade ; la situation devient bientôt intenable pour les populations civiles. La fin de l’année 1998 est marquée par l’aggravation des tensions au Kosovo où les incidents se multiplient. Au même moment, la diplomatie américaine obtient un accord pour la mise en place dans la province serbe d’une force d’observation de l’OSCE (3). Malgré cela, la situation se détériore encore au début de 1999 et le Groupe de contact (4) convoque les Serbes et les Kosovars à des négociations à partir du 6 février à Rambouillet.
De son côté, le Conseil de l’Atlantique Nord s’était saisi du dossier le 28 mai 1998, avait activé des manœuvres aériennes en Albanie et en Macédoine au mois de juin et avait lancé ses premières opérations de soutien sur le Kosovo en octobre. Le 5 juin 1999, l’Otan suspendait, puis concluait l’opération aérienne « Force alliée » qu’elle menait en République fédérale de Yougoslavie (RFY) (5) depuis le 24 mars précédent. Soixante-dix-huit jours de bombardements aériens avaient contraint le pouvoir de Belgrade à accepter les conditions réclamées par la communauté internationale sur la question du Kosovo. La voie était ainsi ouverte à la mise en place d’une administration et d’une force internationale sous mandat de l’ONU qui, dix ans plus tard, sont toujours présentes dans cette province de Serbie qui a déclaré son indépendance début 2008. Le dixième anniversaire de la fin de l’opération aérienne en Yougoslavie, et du début de la mission de maintien de la paix au Kosovo (KFor), conduite par l’Otan, amène logiquement, et avec le recul du temps, à s’interroger sur l’opportunité et la nécessité, la légitimité et la légalité ainsi que sur l’efficacité de cette action militaire de la communauté internationale.
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