À la mémoire du Général d’Armée Doumenc,
organisateur et historien de la frontière du Nord.

La frontière entre deux États est un fait d’une extrême importance au point de vue militaire, économique et humain ; car elle s’accompagne d’ordinaire d’ouvrages défensifs et d’un cordon douanier. Son existence même a sur l’ensemble de la vie d’une région et même d’un pays une influence décisive. Or si certaines d’entre elles paraissent s’expliquer par des conditions physiques — fleuve malaisément franchissable ou ligne de hauteurs limitant les points de passage, — il en est d’autres qui semblent totalement étrangères au relief comme à l’hydrographie. Celle de la région française du Nord est dans ce cas. Étant donné le rôle déterminant qu’elle a joué dans les destinées militaires de notre pays, et l’importance des relations économiques et humaines de la France avec la Belgique, il a paru intéressant d’étudier ce cas assez spécial en montrant à la fois combien cette frontière est artificielle par rapport aux conditions physiques, dans quelle mesure certains faits historiques capitaux suffisent à peu près entièrement à expliquer le tracé actuel, enfin quelles conséquences majeures le tracé de cette frontière a sur la vie actuelle de la région du Nord.

Une frontière artificielle

Jetons un coup d’œil sur la carte ou parcourons la région du Nord : la frontière actuelle est sans rapport avec le relief comme avec l’hydrographie.