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  • Revue n° 726 Janvier 2010
  • Pensée militaire - Pensée stratégique française et langue française

Pensée militaire - Pensée stratégique française et langue française

Hervé Coutau-Bégarie, « Pensée militaire - Pensée stratégique française et langue française  » Revue n° 726 Janvier 2010 - p. 119-120

L’Institut de recherche stratégique de l’École militaire (Irsem) a marqué son lancement par l’organisation d’Assises de la pensée stratégique, qui ont eu lieu les 5 et 6 octobre 2009. À cette occasion, deux conceptions du rayonnement international de la pensée stratégique française se sont affrontées. La thèse dominante prend acte du déclin inéluctable de la langue française et en tire la seule conclusion qui lui paraît logique : il faut dorénavant s’exprimer dans la nouvelle lingua franca c’est-à-dire l’anglais. En face, la thèse minoritaire, puisqu’elle n’a guère été défendue que par l’auteur de la présente chronique, refuse cette fatalité ou cet abandon et soutient qu’il est encore possible, et surtout nécessaire, de s’exprimer en français. L’enjeu est suffisamment important pour qu’il vaille la peine d’exposer les arguments en ce sens dans le cadre d’une chronique d’humeur, que d’aucuns risquent évidemment de qualifier de chronique de mauvaise humeur.

Que le français soit aujourd’hui une langue déclinante sur la scène internationale, c’est là un fait sociologique que, malheureusement, personne ne peut nier : ce n’est que la dernière victime d’un impérialisme de la langue anglaise qui a déjà éliminé les autres concurrents et notamment l’allemand, qui fut une langue scientifique importante dans la première moitié du XXe siècle, même dominante avant 1914, lorsque la moitié des brevets déposés provenait d’Allemagne. Le français a résisté un peu plus longtemps que les autres, en raison du prestige de ses écrivains et du poids démographique et politique des pays francophones, mais il ne fait que s’aligner sur le lot commun des autres langues, pour céder la place à une uniformisation du monde conforme à la logique et aux intérêts de la globalisation. On s’en apitoie, plus ou moins sincèrement, comme ce participant aux assises qui a expliqué, d’un air navré, qu’il regrettait profondément ce déclin du français, mais qu’il ne fallait pas mélanger les genres et bien distinguer la cause de la langue française de celle de la pensée française.

On pourrait faire remarquer qu’on ne voit pas très bien ce que pourrait être une pensée déconnectée du langage. Contrairement à l’affirmation de notre honorable interlocuteur, il est impératif de comprendre que la pensée française et la langue française sont intrinsèquement liées et que l’idée d’une pensée qui resterait française tout en s’exprimant en anglais relève de l’oxymore : la langue suggère une logique, une tournure d’esprit, elle n’est pas neutre. Changer de langue, c’est entrer dans une autre logique, jusqu’au moment où celle d’origine ne subsiste plus qu’à l’état de substrat résiduel, sans grande portée. Il est permis de refuser une telle perspective. À supposer même que le français soit condamné à terme, ce n’est pas une raison pour hâter sa fin. En bon catholique, fidèle aux enseignements de notre sainte mère l’Église, je désapprouve l’euthanasie. Cette affirmation de principe étant posée, il est possible de l’appuyer par quelques éléments empiriques.

Le français conserve encore un certain nombre de positions, au moins dans certains pays et dans des classes d’âge, certes mûres, mais pas encore cacochymes. Je me suis rendu trois fois au Portugal pour y faire des conférences, j’ai parlé à chaque fois en français et j’ai eu l’illusion de croire que mes interlocuteurs m’avaient à peu près compris. À l’Institut de Defesa Nacional, j’ai fait une conférence avec traduction simultanée : sur 52 auditeurs, 27, c’est-à-dire la moitié + 1, m’ont écouté en français sans utiliser les casques de traduction. On m’objectera peut-être qu’ils faisaient semblant, mais j’ai peine à croire que c’était un comportement général. Peu avant mon passage, un autre invité français avait cru malin de s’exprimer en anglais : les organisateurs portugais en avaient été pour le moins surpris. J’ai pu observer le même phénomène en Grèce, et à moindre degré, en Italie.

L’obstacle linguistique est réel, mais il n’est pas nécessairement insurmontable. Le critère premier reste, malgré tout, celui de la qualité des travaux que nous sommes en état de proposer. La Commission internationale d’histoire militaire demeure l’une des rares enceintes au sein de laquelle le bilinguisme de travail est de rigueur : toutes les communications et les débats sont traduits en français. C’est lourd, c’est coûteux pour le pays organisateur, mais ça marche depuis plusieurs décennies. Ce résultat est dû à la qualité des historiens militaires français et à l’activité de la Commission française d’histoire militaire au sein de la Commission internationale : plus de la moitié des numéros de la Revue internationale d’histoire militaire, qui peuvent être publiés par n’importe quelle commission nationale, ont été publiés par la Commission française. Il y a là, ce me semble, un exemple à suivre au lieu de vouloir forcer les chercheurs français à écrire en anglais, comme on le fait de plus en plus dans les sciences exactes et, hélas, bientôt dans les sciences sociales.

Chaque fois que l’on organise un colloque international, il suffit qu’il y ait un anglophone pour que, soi-disant par courtoisie, l’anglais devienne la langue du colloque, sans aucun égard pour les autres participants dont certains maîtrisent mal, parfois même très mal, la langue de Shakespeare. Il est vrai que l’on assiste là, à un phénomène qui relève du snobisme, à savoir que n’importe quel intellectuel a l’impression de perdre la face lorsqu’il avoue ne pas parler anglais. J’ai pourtant fréquenté assez de colloques internationaux pour avoir pu constater une règle aisément vérifiable, à savoir qu’un certain nombre d’auditeurs font semblant d’écouter un discours auquel ils n’entendent rien ou pas grand-chose.

C’est également vrai pour l’écriture. Les vrais bilingues sont rares. La plupart des étrangers qui écrivent en anglais doivent se contenter d’une langue appauvrie, ce que l’on appelle joliment le globish, qui se substitue à l’english. Au lieu d’être au service de la pensée, la langue commande à la pensée qui doit se contenter d’un vocabulaire restreint. Le résultat logique est que la plupart des Anglo-Saxons ne prêtent qu’une attention distraite à ces publications. L’égocentrisme des chercheurs américains est tel qu’ils se suffisent largement de leur production nationale et les autres pays se voient ainsi ravalés, dans la pensée comme dans l’action, au rôle peu enviable de supplétifs.

Je suis tout à fait conscient de l’intérêt, et même de la nécessité, de publier en anglais pour contribuer au rayonnement de la pensée française. Mais cette nécessité ne doit pas se transformer en obligation permanente et aboutir à l’élimination du français. Il nous appartient de proposer, chaque fois que c’est possible, des manifestations en français. Et qu’on ne vienne pas me dire qu’il s’agit d’un vœu pieux. L’Institut de stratégie comparée a organisé, en octobre 2009 à l’École militaire, un colloque franco-hongrois sur la pensée militaire hongroise. Il y avait huit participants hongrois, dont sept se sont exprimés en français, le dernier en allemand. Les actes seront intégralement publiés en français. Une manifestation semblable est envisagée en 2010 avec les Portugais. Ce n’est pas possible avec tous les pays, mais quand c’est possible, il faut le faire. Sinon, sous couvert de rayonnement de la pensée française, on aura tout simplement contribué à l’abaissement de la langue française, donc de la pensée française, et finalement de la France. ♦

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