C’est une ligne éditoriale renouvelée que propose en ce début d’année votre très vénérable revue qui a repris son nom d’usage de Défense Nationale, de RDN, sans pour autant renoncer à traiter de sécurité, tant s’en faut. Lire la suite

  p. 1-1

Cher lecteur, au moment où une nouvelle année s’ouvre pour notre revue, je ne voulais pas manquer de vous saluer au nom de toute notre équipe. L’année qui vient de se clore a été celle de la célébration de notre 70e anniversaire, un épisode qui a coïncidé avec la relance de la formation et de la recherche stratégiques qu’a voulue le président de la République en 2008 et qu’a organisée, à sa demande, la mission dirigée par Alain Bauer. Après avoir dignement fêté notre anniversaire en juin, votre revue a ouvert les « Assises de la pensée stratégique » qui se sont tenues début octobre à l’École militaire. Ces événements ont été amplement relatés dans nos colonnes. Lire la suite

  p. 5-6

La vocation de la Revue Défense Nationale est d’animer le débat stratégique en France et de faciliter la compréhension par nos citoyens et nos partenaires de nos engagements de défense au service de la paix et de la sécurité internationale. Et s’il a pu être vrai comme le regrettait il y a vingt ans Pierre Chaunu qui vient de disparaître, que « la France fatiguée de la grandeur… demande plus de sécurité, moins d’initiatives, de responsabilités, d’aventures » (1), elle est encore aujourd’hui à l’avant-garde du groupe d’États qui promeut une nouvelle gouvernance de la planète, une gouvernance soucieuse des réalités du XXIe siècle, une gouvernance qui ménage l’intérêt du plus grand nombre. Car comme le notait Gombrowicz, être Français, c’est justement prendre en considération autre chose que la France. Lire les premières lignes

  p. 7-10

La définition des finalités et des objectifs de l’action est le premier acte fondamental de toute stratégie. Appliquée aux affaires de défense et de sécurité, cette obligation souligne la primauté des options politiques ; c’est le rôle des Livres blancs. La « démarche stratégique », pragmatique et collective, s’appuie sur les connaissances partagées de l’environnement, sur les compétences et l’expérience des praticiens, dans des échanges du sommet à la base et de la base au sommet. Les acquis de la prospective et de la géopolitique contribuent à définir les tendances lourdes et les invariants comme à évaluer les évolutions possibles, présentes et futures, du continuum Défense/Sécurité. Sans oublier l’éthique, c’est une dimension fondamentale de la stratégie, qui interdit de transgresser les valeurs fondatrices des démocraties. Lire les premières lignes

  p. 13-23

Cette réflexion dresse quelques perspectives stratégiques pour 2010 : outre un tour du monde géopolitique (pays européens, sécurité européenne, sécurité nucléaire, Proche et Moyen-Orient, espaces extra européens), elle aborde des thèmes systémiques qui dépassent le cadre annuel (persistance de la fragilité économique, planétisation, contestation du monopole de la violence légitime, dépassements de l’ordre frontalier, défi de la biosphère). Cette « perspective » permet alors à la fois la profondeur de vue, mais aussi la hauteur qui sied au stratège. Lire les premières lignes

  p. 24-34

Le concept de condition militaire, apparu dans le courant des années 60, recouvre l’ensemble des droits et obligations communes à ceux qui exercent l’activité militaire, ainsi que les contreparties de toute nature qui leur sont attachés. Créé par le statut général des militaires de 2005, le Haut comité d’évaluation de la condition militaire (HCECM) s’efforce d’en avoir la vue la plus objective possible. Les sujétions les plus lourdement ressenties résultent de la déclinaison du principe de disponibilité et de ses conséquences sur la mobilité, l’emploi du conjoint ou l’accession à la propriété. Très diverses, les contreparties, qu’elles soient financières, sociales ou statutaires, distinguent souvent les militaires des autres catégories d’agents publics ou de salariés. Lire les premières lignes

  p. 35-43

Du fait de l’extraordinaire accélération des mutations, de la complexification des enjeux et, surtout, de la survenance d’un « risque global », la mondialisation, bien que se situant dans le prolongement de l’aventure humaine, constitue une révolution historique sans précédents. Pour la première fois depuis que nos ancêtres se séparèrent pour coloniser les continents, nous sommes unis dans une communauté de destin. Ce qui exige que l’on dépasse nos différences et nos égoïsmes pour inventer une nouvelle gouvernance mondiale, seule solution à l’épée de Damoclès qui menace la planète. Lire les premières lignes

  p. 44-53

Le rôle social qu’exerçaient traditionnellement les armées s’est rétréci avec la suspension de la conscription et le recentrage sur le cœur de métier militaire. Pourtant, le ministère de la Défense garde un esprit pionnier en la matière. Lire les premières lignes

  p. 54-64

Le dialogue social dans les entreprises et — très généralement — dans la fonction publique est devenu, de nos jours, parfaitement naturel dans les démocraties occidentales. Il fait appel à des associations à caractère syndical. Mais les armées ne sont pas une entreprise, ni même une institution comme les autres dans la fonction publique… Alors, quelle concertation dans la défense en Europe ? En France ? La formule originale adoptée dans notre pays mérite-t-elle d’être défendue et améliorée ? Lire les premières lignes

  p. 65-73

Longtemps, Internet a porté ses promoteurs au lyrisme. Michel Serres annonce la Pantopie – « tous les lieux en chaque lieu et chaque lieu en tous les lieux » – et s’exalte à cette terrifiante perspective. Comme l’espace, voici le temps revenu au premier matin du monde : un unique présent, gros de l’avenir comme du passé. D’autres célèbrent les vertus de l’anarchie soixante-huitarde qui est au principe du réseau, y voyant le retour fructueux du chaos initial. Joël de Rosnay annonce l’homme symbiotique, neurone infime du cybionte, monstrueux cerveau planétaire. Lire la suite

  p. 74-74

Repères - Opinions - Débats

L’auteur dresse un panorama contrasté des problématiques actuelles au Proche et Moyen-Orient, espace en pleine recomposition. La capacité de pression politique, policière et militaire du Hezbollah sur les échiquiers libanais et proche oriental, l’incontestable affirmation régionale de l’Iran, l’instabilité au Sud de l’Arabie Saoudite, les difficultés en Afghanistan, l’incapacité du Pakistan à gérer ses zones tribales constituent autant d’enjeux que doivent relever les acteurs internationaux engagés dans la région. Lire les premières lignes

  p. 77-86

Un Haut conseil d’État des forces armées (HCE) démet, le 6 août 2008, de ses fonctions le président de la République Sidi ould cheikh Abdallahi, et s’engage à organiser une élection présidentielle dans les délais les plus courts. Le général Mohamed ould Abdelaziz, à la tête du HCE, est contraint sous la pression internationale de signer un accord avec le Front national pour la défense de la démocratie (FNDD), réunissant les forces politiques d’opposition. L’accord prévoit principalement la création d’un gouvernement d’union nationale et l’organisation d’une élection présidentielle effectivement pluraliste et démocratique. La victoire du général Abdelaziz, dès le premier tour du scrutin, le 18 juillet 2009, est vivement contestée par l’opposition. Lire les premières lignes

  p. 87-94

2010 sera l’année de la Russie en France, comme celle de la France en Russie. Elle nous vaudra certainement une floraison de nouveaux livres sur ce grand pays, avec lequel nous entretenons des relations de plus en plus étroites. Ce d’autant plus que nous serons au milieu du mandat de l’actuel président russe, Dimitri Medvedev. Pour le moment pourtant les ouvrages de nature politique ou géopolitique restent rares. Les réalités qu’il convient de scruter sous tous leurs aspects semblent perçues à travers le prisme de l’histoire, de la culture, de la société, de ses rapports avec l’étranger proche ou avec l’Europe, qui demeurent la grande question d’aujourd’hui et de demain. Lire les premières lignes

  p. 95-101

Les situations historiques proposées par l’Antiquité donnent souvent de précieux instruments de compréhension de la genèse de concepts toujours à l’honneur dans la régulation des tensions actuelles. Ces situations sont particulièrement intéressantes dans le domaine stratégique dont les premiers éléments sont le fruit d’une vision du monde qui englobe les espaces terrestre et maritime. Lire les premières lignes

  p. 102-109

L’auteur s’insurge de l’utilisation grandissante et galvaudée du mot « stratégie ». En se reportant à l’étymologie du terme, il propose de revenir à une définition plus simple, incitant ainsi à l’employer à bon escient et avec discernement. Lire les premières lignes

  p. 110-111

Héritage de l’histoire, la justice militaire en France fait fréquemment l’objet de mises en cause, visant à un rapprochement toujours plus poussé de cette dernière avec le droit commun. Si ce phénomène s’inscrit dans un mouvement plus vaste tendant à l’élimination progressive des justices militaires au sein des sociétés démocratiques, le cas de la Belgique qui a franchi le cap en 2003, doit néanmoins être considéré avec attention. Les forces armées françaises évoluant dans un environnement dangereux et instable, une justice militaire spécifique doit être conservée. Elle reste en effet à ce jour, non seulement un gage d’efficacité de l’action du soldat, mais plus généralement la juste reconnaissance de la spécificité de son engagement au service de la nation. Lire les premières lignes

  p. 112-116

Revues - Rapports

L’Institut de recherche stratégique de l’École militaire (Irsem) a marqué son lancement par l’organisation d’Assises de la pensée stratégique, qui ont eu lieu les 5 et 6 octobre 2009. À cette occasion, deux conceptions du rayonnement international de la pensée stratégique française se sont affrontées. La thèse dominante prend acte du déclin inéluctable de la langue française et en tire la seule conclusion qui lui paraît logique : il faut dorénavant s’exprimer dans la nouvelle lingua franca c’est-à-dire l’anglais. En face, la thèse minoritaire, puisqu’elle n’a guère été défendue que par l’auteur de la présente chronique, refuse cette fatalité ou cet abandon et soutient qu’il est encore possible, et surtout nécessaire, de s’exprimer en français. L’enjeu est suffisamment important pour qu’il vaille la peine d’exposer les arguments en ce sens dans le cadre d’une chronique d’humeur, que d’aucuns risquent évidemment de qualifier de chronique de mauvaise humeur. Lire les premières lignes

  p. 119-120

Conséquence de la participation pleine et entière de la France dans l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (Otan), le paysage doctrinal national est en passe de connaître une profonde mutation, tant sur le fond que dans la forme. Lire les premières lignes

  p. 121-122

Un peu plus d’un an après le pic de la crise économique qui a frappé par surprise l’ensemble de la planète, et dont nous ne nous sommes toujours pas totalement affranchis, il apparaît désormais évident que le choc auquel nous avons dû faire face était d’ordre systémique et qu’il nous a fait sortir du cadre de référence des dernières décennies. La soudaineté et la profondeur de cette dépression ont ainsi rappelé la justesse d’analyse du Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale qui a, notamment, mis en exergue l’incertitude et les ruptures comme caractéristiques principales de l’environnement stratégique dans un monde globalisé. Cette imprévisibilité s’inscrit dans le cadre classique de l’accélération des tempo (politiques, technologiques, militaires, informationnels, etc.) et de la montée des complexités (développement des logiques de réseaux induisant nécessairement une approche globale) qui se traduisent, l’une et l’autre, par une perte des repères ainsi qu’une visibilité réduite pour le décideur. La création et la valorisation de la nouvelle fonction « Connaissance et anticipation » doit ainsi permettre de faciliter, grâce au renforcement de nos capacités, l’identification et l’analyse des signaux faibles porteurs d’avenir. Le Livre blanc conditionne ainsi clairement la définition d’une stratégie de sécurité cohérente à la capacité de mettre en œuvre un cycle prospectif permanent, en l’occurrence, de définir ce qui sera utile de connaître, dans l’avenir, au regard de la décision à éclairer, d’une part et de rétrécir la pluralité des avenirs par des éliminations raisonnées (incohérent, superflu, etc.), pour ne conserver que l’utile par rapport à une décision située dans une perspective de plus ou moins long terme, d’autre part. Lire les premières lignes

  p. 122-125

La judiciarisation du théâtre d’opérations est un phénomène patent pour le militaire. Encore convient-il de distinguer d’emblée le juridique du judiciaire, distinction essentielle à faire, entre évolution du cadre juridique et évolution du rôle pris par le juge judiciaire pour mieux cerner le sujet. Lire les premières lignes

  p. 125-127

L’Assemblée européenne de sécurité et de défense (AESD) a récemment adopté un rapport intitulé « L’Union européenne et les missions de maintien de la paix des Nations unies » (document 2049), présenté par Mme Ine Aasted-Madsen (Pays-Bas, Groupe fédéré) et M. René Rouquet (France, Groupe socialiste). Lire les premières lignes

  p. 128-129

L’avion de combat français de dernière génération, le Rafale, est — sans doute est-ce un truisme — polyvalent. Chacun sait, en effet, que le Rafale est capable, dans son dernier standard F3, d’assurer simultanément des missions de défense et de supériorité aériennes, de reconnaissance, d’attaque au sol dans la profondeur ou en appui des forces terrestres, ainsi que de dissuasion nucléaire. Cette capacité multidimensionnelle traduit, par définition, la polyvalence. Lire les premières lignes

  p. 130-132

Depuis près de deux décennies, la France projette en permanence 10 000 à 12 000 de ses militaires, qui participent à des opérations extérieures souvent périlleuses, en plus de ceux prépositionnés dans des pays avec lesquels notre pays a signé des accords appropriés. Ces « Opex » ont un coût élevé, en augmentation continue et probablement sous-estimé. Lire les premières lignes

  p. 132-134

Le numéro 255 de septembre 2009 de la Revista española de Defensa permet de faire un point de situation sur les préoccupations opérationnelles de l’Espagne à l’issue de l’été. De fait, comme pour les principaux partenaires de l’Otan, c’est bien la question afghane qui domine le débat à Madrid. La décision la plus importante a été prise le 23 septembre avec un vote quasiment à l’unanimité de la commission de défense du Parlement autorisant l’augmentation du contingent espagnol dans ce théâtre. Les Cortes ont approuvé l’envoi de 220 soldats supplémentaires, faisant passer les effectifs de 778 à 998 militaires présents sur le sol afghan. Lire les premières lignes

  p. 134-136

La Chine, avec son un milliard quatre cents millions d’habitants, est déjà le pays le plus peuplé au monde. Avec une croissance économique à faire pâlir la quasi totalité des États de la planète, il semblerait que l’Empire du milieu soit sacré première puissance mondiale à l’horizon 2025 ; détrônant ainsi les États-Unis d’Amérique. Cependant, malgré des atouts indiscutables, la République Populaire de Chine doit faire face à quelques difficultés qui pourraient l’empêcher, à terme, de devenir l’unique hyperpuissance du monde. Lire les premières lignes

  p. 136-137

Recensions

Christian Malis (ss dir.) : Guerre et manœuvre  ; Économica, 2009 ; 274 pages - Pierre-Dominique Ornano (d')

Sous la direction de Christian Malis, une série d’auteurs, militaires et civils, nous livrent leurs réflexions sur la guerre et la manœuvre. Elles augurent bien de l’amorce d’un renouveau de la pensée doctrinale des affaires militaires, après un demi-siècle de « gel nucléaire » et d’effacement volontaire ou subit des officiers de tous les cercles de réflexions. Les temps semblent évoluer vers une plus grande liberté de ton et de pensée dont nos armées professionnelles, engagées sur des théâtres multiples et divers, ont le plus besoin. Lire la suite

  p. 139-140

Bruno Tertrais : Le marché noir de la bombe, enquête sur la prolifération nucléaire  ; Buchet/chastel, 2009 ; 260 pages - Claude Le Borgne

L’auteur annonce son livre : une enquête. Ce qu’il est en effet, enquête fort bien documentée mais, comme il se doit, embrumée d’incertitude et ponctuée de conditionnels, de « peut-être » et de « sans doute ». Si l’on n’y trouve pas de thèse affirmée, le regard que l’auteur porte sur la bombe colore l’ensemble d’un profond pessimisme. On y reviendra car là est l’important. Commençons par l’enquête. Le cœur du livre est au Pakistan où agit et complote, redoutable et falot à la fois, le père de sa bombe, Abdul Qadeer Khan. Autour de ce cœur, quatre parties s’organisent : la bombe pakistanaise, le Pakistan « proliférateur », ses clients « proliférants », le terrorisme nucléaire. Lire la suite

  p. 141-142

Jean-François Morel et Alastair Cameron : L'Europe de la Défense - Le Chœur du Débat  ; L'Harmattan, 2009 ; 82 pages - Laïd Slamani

L’Europe est souvent décrite comme un nain politique et un géant économique. Devenir un géant politique suppose, avant tout, de trouver un consensus entre les 27 États sur ce qui paraît être au cœur de la souveraineté d’un État : la puissance militaire. Préfacé par Javier Solana, le premier Haut Représentant de l’Union européenne pour la Politique étrangère et de sécurité commune (Pesc), cet ouvrage co-écrit par un haut responsable militaire français et un Franco-Britannique a la particularité d’être synthétique, clair et précis. Le cadre, choisi par les deux auteurs, est celui de l’anniversaire de la mise en place de la Politique européenne de sécurité et de défense commune (PESD), lancée lors du sommet d’Helsinki en 1999. Les enjeux de « l’Europe de la défense » y sont présentés de façon pédagogique. La dimension prospective n’a pas été oubliée, puisque les nouveautés apportées par le Traité de Lisbonne en matière de défense y sont exposées. Le consensus trouvé par les 27 n’élude pas les dissensions entre États européens, ce que rappelle la très belle carte satirique du Français Paul Hadol, réalisée à la veille du conflit de 1870. Lire la suite

  p. 142-144

Jean-Pierre Rioux (ss dir.) : Nos embarras de mémoire  ; Lavauzelle, 2008 ; 204 pages - Pierre Morisot

Il est au premier abord malaisé de détecter un fil conducteur dans cet ouvrage collectif. La référence affichée à l’« Alsace-Moselle » (terme, on le sait, historiquement et administrativement mieux adapté que celui communément employé d’« Alsace-Lorraine ») ne repose en effet ici en tout et pour tout que sur l’initiative d’une association régionale, sur un lieu de rencontre certes emblématique (Schirmeck) et sur une unique communication parmi la douzaine que comporte le livre. Disons que la présentation initiale des questions débattues, « l’évolution des incriminations, la délitescence de la temporalité et le brouillage des cadres spatiaux des mémoires collectives » ne sont guère de nature à éclairer le lecteur moyen. Lire la suite

  p. 144-145

Yves Bonnet : Vevak - Au service des ayatollahs  ; Timée-Éditions, 2009 ; 454 pages - Emmanuel Dupuy

Yves Bonnet, préfet et ancien directeur de la DST (Direction de la surveillance du territoire), signe avec Vevak – Au service des ayatollahs un essai édifiant sur l’histoire des services secrets iraniens, depuis leur création par le Shah jusqu’à l’instauration sous le régime des mollahs du Vezarat-E-Ettela’at Va Amniat-E-Keshvar (Vevak), le ministère du Renseignement et de la Sécurité nationale. En effet le shah Mohamed Reza Pahlavi aurait obtenu l’aide de ses alliés américains et israéliens pour former au milieu des années 50 un service avant tout chargé de le protéger, mais qui dépassera rapidement le strict rôle de service de sécurité pour devenir un véritable outil de renseignement et de répression au service exclusif du régime, bien utile pour les nouveaux dirigeants en place après la révolution islamique. Lire la suite

  p. 145-146

Alain Denis : La maîtresse de mon mari. Apologie des femmes de marin  ; L'Harmattan, 2009 ; 232 pages - Georges Girard

Le titre est trompeur. La maîtresse, c’est évidemment la mer dont la femme dudit mari serait jalouse. On pourrait donc s’attendre à lire la prose de la femme d’un marin, l’une de celle dont il serait fait l’apologie. Lire la suite

  p. 146-146

Revue Défense Nationale - Janvier 2010 - n° 726

A general overview on the french strategic equation though three major factors, interests, values and responsabilities based on a geopolitical approach.

A definition of the aims and objectives of an action is the departure point for any strategy. When applied to matters of defence and security, this obligation emphasizes the primacy of political choices, which is the role of the defence white paper. The pragmatic and collective ‘strategic approach’ is based on knowledge of the environment and the abilities and experience of experts, distilled from consultation at all levels. A knowledge of likely future developments and geopolitics contributes to a definition of important trends and invariables, and thus to an evaluation of possible developments, present and future, in the defence and security environment. All this is not to exclude the ethical dimension, which is a fundamental component of strategy, and which prevents the violation of the founding values of democracies.

This article deals with some of the strategic prospects for 2010. As well as a survey of the geopolitical scene (European countries, European security, nuclear security, the Middle East, extra-European areas, etc.), it outlines some longer-term systemic issues (the persistence of economic fragility, globalization, discontent with the monopoly of legitimate violence, transborder issues, biosphere challenges, etc.). This perspective gives both the depth of vision and the elevated viewpoint appropriate to the strategist.

The concept of military conditions of service, which took shape in the 1960s, covers the range of rights and obligations of those who carry out military duties, as well as the benefits accruing from them. The high committee for the evaluation of the military condition (HCECM) was set up under the general statute for military personnel in 2005 and strives to take the most objective view possible of the subject. The most serious constraints felt by military personnel result from the principle of deployability and its consequences in terms of mobility, spouses’ employment opportunities and property ownership. The very varied rewards, whether financial, social or statutory, often set military personnel apart from other categories of public officials or employees.

The introduction of women into the armed forces is the fruit of a long historical process which has had to deal with a society marked by deep-rooted prejudices about the feminine condition. It took until the second half of the twentieth century for attitudes to change and allow a wider place for women in this male bastion. In a well-documented article, Michel Klen analyses this sociological process and puts forward his thoughts on the problems associated with the arrival of women in almost all military posts.

The social role that the forces traditionally exercised has diminished with the ending of conscription and concentration on the military’s core business. Nevertheless, the minister for defence retains an interest in the matter, with his equal opportunities plan and the creation of centres for the social and professional training of young people (EPIDE).

Social dialogue in commercial enterprises and the public sector has become perfectly natural nowadays in Western democracies. It requires organizations of a collegiate nature. But the armed forces are not an enterprise, nor an institution like others in the public sector. So, what dialogue is appropriate in European defence? In France? Does the particular form adopted in our country deserve to be defended and improved?

Opinions and Viewpoints

The author outlines the varied panorama of current problems in the Middle East, a region undergoing great changes. The ability of Hezbollah to exercise political, military and public order pressure on the Lebanese chessboard and its region, Iran’s evident regional assertiveness, Saudi Arabia’s instability and the inability of Pakistan to control its tribal areas are all issues which demand the attention of the international actors involved in the region.

In Mauritania, a high council of state for the armed forces (HCE) relieved President Sidi Ould Sheikh Abdallahi of his functions on 6 August 2008 and undertook to organize a presidential election as soon as possible. General Mohammed Ould Abdelaziz, as head of the HCE, was under international pressure to sign an agreement with the national front for the defence of democracy (FNDD), thus bringing together the opposition political forces. The agreement provides principally for the creation of a government of national unity and the organization of an effective pluralist and democratic presidential election. General Abdelaziz’s victory in the first round of voting on 18 July 2009 is hotly disputed by the opposition.

2010 will be the year of Russia in France, and of France in Russia. It will certainly merit an outburst of new books on this great country, with which we are nurturing ever-closer relations, all the more so as we are half way through the term of the current Russian President, Dmitry Medvedev. For the moment, however, political or geopolitical works remain scarce. The realities we need to examine closely seem to be refracted through the prism of history, culture, society and Russia’s relations with the ‘near abroad’ and Europe, which remain the big questions for today and tomorrow.

The historical situations of antiquity often provide valuable clues to understanding the origins of concepts which still have a part to play in regulating modern tensions. These situations are particularly interesting in the field of strategy, whose main principles stem from a vision of the world that includes the land and maritime spheres.

The author is up in arms over the growing and abusive use of the word ‘strategy’. Basing his argument on the etymology of the term, he proposes a return to a simpler definition, encouraging its use advisedly and with discernment.

As a legacy of history, French military justice is frequently called into question, with the aim of bringing it closer to common law. Although this trend is part of a wider movement tending towards the gradual elimination of military justice in democratic societies, the case of Belgium, which took this step in 2003, gives pause for thought. Since the French armed forces are evolving in a dangerous and unstable environment, a separate system of military justice must be maintained. It not only remains a guarantee of effectiveness of the soldier’s actions but more generally recognizes the special nature of his engagement in the nation’s service.

Revue Défense Nationale - Janvier 2010 - n° 726

C’est une ligne éditoriale renouvelée que propose en ce début d’année votre très vénérable revue qui a repris son nom d’usage de Défense Nationale, de RDN, sans pour autant renoncer à traiter de sécurité, tant s’en faut.

Pour commencer deux éclairages vous sont présentés, l’un sur les perspectives stratégiques offertes par l’année 2010 et l’autre sur la société militaire aujourd’hui. Des points de vue variés et des repères d’actualité vous sont ensuite fournis, sous forme d’opinions et de revues de travaux effectués dans de multiples enceintes où se pensent les questions de sécurité et de défense du pays. C’est, en effet, autour de trois cahiers, le premier thématique, le deuxième de débats et de jalons, et le dernier de chroniques et de recensions que s’organise notre publication désormais. Nous essaierons de nous tenir à cette ligne éditoriale simple.

La vocation de la RDN est de susciter le débat et l’éclairage sur les questions de sécurité et de défense comme le rappelle la quatrième de couverture. Aussi au moment où le débat identitaire s’anime en France et où l’Union européenne se consolide sur la plateforme de Lisbonne, je vous propose, en préambule de ce numéro, d’essayer de mieux cerner, dans l’esprit des Livres blancs de 1994 et 2008, ce que sont les intérêts stratégiques français. J’en fournis ma propre vision et vous demande la vôtre. Cette thématique restera active jusqu’à l’été dans une rubrique que je vous invite à animer (contact@defnat.com).

Mais il est un thème particulier qui sous-tend ce numéro sur lequel j’aimerais appeler l’attention, c’est celui de la rigueur du débat sur les questions de sécurité et de défense. De multiples auteurs n’ont cessé de mettre en garde sur la confusion qui guette lorsque l’on fait exagérément sortir le vocabulaire stratégique de son cadre de référence. Ainsi le sens commun s’est-il beaucoup perdu des mots simples comme « menace », qui implique nécessairement une volonté antagoniste démontrée ; comme « risque », qui reste associé à des vulnérabilités génériques identifiées ou « danger », qui suppose une exposition de fragilités connues à des tensions extérieures. Aussi assiste-t-on souvent à l’enflure d’un discours alarmiste et à l’extension inflationniste du domaine de la sécurité qui en vient à couvrir sans distinction tous les aléas. L’exigence de gain et la sûreté réclamée de toutes les entreprises humaines ont fait qualifier de menaces les compétitions incertaines qu’elles déclenchent et les réactions antagonistes qu’elles suscitent. La sûreté qui se confond avec l’assurance tous risques, et la sécurité avec la démarche contraléatoire ont remplacé la classique pesée des risques qui règle la stratégie. L’incertitude dans laquelle nous vivons aujourd’hui et le brouillard stratégique qui règne depuis la fin de la guerre froide ne doivent pas être confondus avec l’insécurité. Il faut repenser la manœuvre comme le suggère Christian Malis (cf. recensions), revenir aux fondamentaux comme nous y invite l’amiral Lacoste.

Bonne lecture et bonne année.

Jean Dufourcq

Revue Défense Nationale - Janvier 2010 - n° 726

La RDN vous invite dans cet espace à contribuer au « débat stratégique », vocation de la Revue. Cette contribution doit être constructive et doit viser à enrichir le débat abordé dans le dossier. C’est l’occasion d’apporter votre vision, complémentaire ou contradictoire. Vos réponses argumentées seront publiées sous votre nom après validation par la rédaction.

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