Les circonstances difficiles qui ont provoqué l’engagement des drones du 61^e RA en Afghanistan au cours de l’automne 2008 ont mis en lumière l’importance croissante de ces systèmes d’armes. Le pouvoir politique et les chefs militaires ont en effet décidé à l’époque d’utiliser au maximum ces avions télépilotés dans leur rôle de multiplicateur d’effet, surtout dans les situations tendues.

Pourtant, les drones ne sont en aucun cas une nouveauté. L’Armée de terre française les utilise avec succès depuis quarante-cinq ans et possède donc en la matière une expertise incomparable, du moins sur le plan européen. Alors pourquoi cet intérêt soudain pour ces systèmes d’armes apparemment secondaires dans l’architecture complexe que constitue une Armée de terre moderne ? En fait, au-delà de l’intervention actuelle en Afghanistan, un enjeu majeur extrêmement prometteur en ce qui concerne les marchés de demain se dessine dans l’emploi civil des drones, qui a d’ailleurs commencé dans certains services publics aux États-Unis, mais aussi de manière ponctuelle en France.

En préambule, il convient de rendre à César ce qui lui appartient : voilà quarante-cinq ans qu’inlassablement et patiemment l’Armée de terre soutient et se bat pour cet outil afin de permettre au chef tactique de lever une partie du voile sur les intentions de son adversaire proche. Pour un tacticien, le rôle du drone n’est pas nouveau. Ce qui est nouveau, ce sont les possibilités ouvertes par le changement du cadre stratégique, mais aussi le progrès technologique, qu’il s’agisse du flux vidéo ou bien encore la sécurité des vols. Ces circonstances favorables ont permis d’ouvrir des offres d’emploi que peu envisageaient voilà vingt ans, mais dont les pouvoirs publics civils et militaires, comme les industriels ont bien saisi l’enjeu. Il ne sera pas traité ici des drones armés, puisqu’ils n’équipent pas nos forces.