L'auteur, conseiller d'État et membre de l'Institut, n'oublie pas qu'il a été aussi diplomate (ambassadeur de France à Madagascar). Ses réflexions sont également alimentées par l'expérience acquise dans des hautes fonctions très diverses, en particulier comme secrétaire général adjoint de l'Union de l'Europe occidentale et comme vice-président du Comité permanent des armements. Il a donc eu depuis longtemps à rechercher les liens qui existent entre diplomatie et armement.
Diplomatie et armement
De tout temps le progrès de ses armes a servi à la domination de l’homme sur l’homme. Mais le monde est entré dans une ère nouvelle : en ce domaine, un véritable saut qualitatif a bouleversé l’échelle traditionnelle de la puissance en remplaçant le facteur de force déduit du nombre de la population et des armées mobilisables par celui du potentiel technique fondé sur la prospérité économique et l’innovation scientifique.
La capacité, la variété et la précision des armements nucléaires ne cessent de progresser, les techniques de l’observation et de la détection, de la transmission et de l’exploitation des données de se perfectionner. Les conditions financières, technologiques et économiques de la constitution de ces arsenaux creusent entre les États un écart impossible à combler, les grandes puissances disposant d’un potentiel qui excède considérablement les besoins de la destruction la plus radicale et la plus totale et qui constitue une menace terrible et permanente pour toute l’espèce humaine.
Le péril n’est pas seulement atomique. Malgré certaines interdictions, des gouvernements poursuivent l’étude d’autres types d’armements offensifs et défensifs tels que les produits toxiques ou biologiques, les mélanges détonnants, les faisceaux de particules et les radiations, les satellites dont d’ores et déjà plusieurs centaines ont des missions militaires. L’armement dénommé conventionnel a lui-même considérablement évolué depuis la dernière guerre mondiale : l’aviation, la marine, l’armée de terre ont à leur disposition les meilleures machineries que l’industrie soit capable de produire, compte tenu des progrès technologiques les plus avancés dans tous les domaines. Grâce à l’électronique, ces armes sont constituées en systèmes de plus en plus complexes, automatiques et performants. Les conditions du combat classique en seront bouleversées. Chacune des guerres locales qui éclatent çà et là sert d’occasion pour l’expérimentation de matériels nouveaux et confirme que la prépondérance politique résulte toujours de la détention des moyens propres à assurer la supériorité sur le champ de bataille.
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