Les quelques réflexions qui suivent ne constituent qu’un point de vue de Candide sur un sujet dont le contenu comme les implications potentielles donnent souvent lieu à des appréciations extrêmes et contradictoires. Nos remarques n’ont en aucun cas l’ambition de rassembler les éléments techniques de base nécessaires à l’appréciation du projet américain d’Initiative de défense stratégique, et encore moins à débattre de l’opportunité de ce dernier. Elles constituent simplement, parmi d’autres, quelques axes d’interrogation et de recherche pour une réflexion plus poussée sur un projet important dont les conséquences, par nature hypothétiques, en raison du caractère prospectif de l’IDS ne doivent être ni surestimés, ni sous-estimés.

Le projet d’Initiative de défense stratégique constitue une étonnante synthèse de certaines des aspirations essentielles et intemporelles de la nation américaine

Il a beaucoup été écrit sur les conséquences militaires, politico-stratégiques, économiques de l’IDS, sur le contenu technologique du projet, sur sa faisabilité technique et financière. La dimension de ce projet, sous l’angle de la science politique, n’a, en revanche, guère été étudiée. Or, il apparaît que l’IDS revêt, de manière marquée, une dimension quasi messianique qui puise ses racines dans certaines des aspirations les plus profondes et les plus intemporelles du peuple américain.

Le thème éternel de la frontière

L’IDS apparaît largement comme un défi dans lequel on retrouve un mythe récurrent de l’histoire des États-Unis depuis la conquête de l’Ouest, celui de la frontière, de ces limites géographiques, technologiques, voire sociales, que tout un peuple s’efforce de reculer comme un défi qui lui permet de prendre sa propre mesure.