L'auteur nous explique d'une façon particulièrement intéressante les inflexions doctrinales de M. Gorbatchev dans ce domaine majeur qu'est la défense de l'URSS. Toutefois, si on peut se féliciter de cette conversion à la « suffisance raisonnable » – expression qui a séduit bien des Occidentaux ! –, il est indispensable de rester vigilant et de ne pas oublier qu'une des arrière-pensées fondamentales des Soviétiques est d'obtenir à terme une dénucléarisation de l'Europe. D'ailleurs, pour le moment, le volume de leurs forces n'a pas été ajusté à la doctrine !
La doctrine de défense soviétique et la « suffisance raisonnable »
En arrivant aux responsabilités, en mars 1985, M. Gorbatchev trouve une configuration diplomatique et stratégique bloquée dans un rapport défavorable à l’URSS. À l’échelon régional, l’avantage attendu du déploiement des SS 20 est annulé par les contre-mesures décidées par l’OTAN, mises en œuvre avec fermeté malgré l’intense campagne de propagande pacifiste orchestrée par Moscou. C’est sur l’Union Soviétique, de surcroît enferrée en Afghanistan, que retombe finalement l’image de fauteur de tension. À l’échelon stratégique, l’équilibre obtenu avec les traités SALT et ABM est rendu incertain par la non-ratification du traité SALT II et surtout les projets de défense spatiale amorcés par les États-Unis avec le lancement, en 1983, de l’IDS.
Sur un plan militaire, la sophistication des armes rend de plus en plus coûteuse la course aux armements, qui revêt un caractère davantage technologique que quantitatif. Or l’économie soviétique, déjà lourdement ponctionnée par l’effort militaire, ne permet pas de dégager les ressources nécessaires à une compétition accrue avec l’Ouest, d’autant plus que d’importants retards ont été accumulés en de nombreux domaines. L’URSS a ainsi, au fil du temps, perdu sa capacité de remporter un conflit armé, même classique, avec l’OTAN.
Enfin, plus généralement, l’orientation clairement offensive de la stratégie soviétique, telle qu’elle peut être observée par la production d’armement, les déploiements, les exercices, etc., rend bien peu convaincantes aux Occidentaux les déclarations sur le caractère défensif de cette doctrine.
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