« De l’Atlantique à l’Oural » : telle est la délimitation du continent européen, de l’ouest à l’est, retenue par les géographes modernes après les hésitations qui, depuis les anciens Grecs, ont marqué la difficile recherche d’une limite orientale naturelle de l’Europe. Cette définition est maintenant bien admise. Remarquons cependant que Mercator, au XVI^e siècle, plaçait la frontière de l’Asie sur le fleuve Ob, c’est-à-dire très à l’est de la ligne actuelle, à une distance variant de 100 à 1 300 kilomètres environ. Si l’on devait considérer le rétrécissement relatif du monde dû à la rapidité des moyens de transport contemporains, c’est la frontière de Mercator qui serait, de nos jours, la mieux justifiée. Mais notre intention n’est pas de mettre en cause une définition géographique. Elle est de voir si celle-ci est bien adaptée aux conditions nouvelles d’un monde qui subit de profondes transformations.

Nous avons souligné dans l’article intitulé « Évolution et défense » ⁽¹⁾ l’importance déterminante des facteurs « nature humaine » et « condition humaine » dans les relations internationales. Nous avons vu que des inquiétudes sérieuses pouvaient être nourries quant à la stabilité de notre environnement humain, conséquences d’une croissance démographique mondiale incontrôlée et déséquilibrée. Nous avons remarqué que de nouveaux États, dont la logique de raisonnement et le sens de la valeur de la vie humaine sont très différents de ceux des pays occidentaux, disposeront, tôt ou tard, de moyens militaires parmi les plus redoutables et introduiront ainsi un facteur irrationnel dans les rapports internationaux.

Enfin, regardant le cas de l’Alliance atlantique et prenant en compte la nécessité impérative d’agir sur les causes économiques de l’instabilité, relativement contrôlables, il a paru souhaitable que cette organisation s’adapte à la lutte à mener contre ces causes, grâce à des actions coordonnées dans les domaines économique, monétaire et commercial.