De la rencontre de Reykjavik (1985) au traité Start de Moscou (1991) en passant par les accords américano-soviétiques de Washington (1987), une dynamique s’est enclenchée et poursuivie qui mit fin à la guerre froide. Un tel retournement cristallise une longue évolution qui s’est elle-même trouvée porteuse d’une idée nouvelle, celle de dividendes de la paix.

À l’Ouest, probablement à la faveur de la crise, une réflexion sur les aspects économiques de la course aux armements a conduit à réapprécier la nature de l’articulation des secteurs civil et militaire de l’économie et à douter de plus en plus des bienfaits des dépenses militaires sur l’activité économique, dont le déclin un peu partout constaté a été rapproché de ces dépenses d’une nature particulière. À l’Est, où ces remises en cause des idées jusqu’alors dominantes ne sont pas passées inaperçues, une double réflexion s’est esquissée portant d’une part sur la place et le rôle des complexes militaro-industriels dans les économies capitalistes — moins imbriqués avec le reste de la société, avec des effets moins diffusants et se caractérisant par une autonomie croissante — et d’autre part sur l’articulation nouvelle entre les luttes de classes et celles pour la paix, en liaison avec la réactivation des notions de problèmes globaux et de valeurs universelles.

Il est devenu possible de réfléchir à la manière de capitaliser le nouveau climat des relations internationales et les réductions de dépenses militaires en dividendes de la paix dont les manifestations sont différentes, notamment au Nord et au Sud.