En 1990, l'auteur a présenté une thèse de doctorat sur l'Afrique australe à l'Université de Paris X-Nanterre. Depuis cette date, la partie méridionale du continent africain est entrée dans une période de profondes mutations qui ont modifié radicalement les données géopolitiques de cette zone particulièrement riche. Il fait ici le point de cette extraordinaire évolution qui devrait avoir des conséquences internationales.
Les grands bouleversements en Afrique australe
L’Afrique du Sud est entrée dans un processus irréversible de transformations historiques qui sont en train de bouleverser les données politiques, non seulement de la région, mais aussi d’une partie importante du continent africain. La dynamique de démocratisation qui a abouti à la disparition de l’apartheid éprouve cependant beaucoup de difficultés à fonctionner dans les anciennes colonies lusophones (Angola, Mozambique) où de nombreuses incertitudes persistent. Toutefois, le formidable espoir suscité par le défi sud-africain pourrait ouvrir de nouvelles perspectives économiques en raison du grand nombre de ressources offertes par ce marché prometteur du sous-continent austral.
Le grand défi de l’Afrique du Sud
L’accélération de l’histoire
La RSA (république d’Afrique du Sud) a basculé dans une ère nouvelle après l’arrivée au pouvoir du président De Klerk en août 1989. Depuis cette date, les événements se sont en effet précipités. Désireux de mettre un terme à l’isolement croissant de son pays, le chef de l’État sud-africain de l’époque s’est lancé dans une politique hardie de démantèlement de l’apartheid dont les résultats spectaculaires et rapides ont surpris la plupart des analystes. En légalisant le 2 février 1990 les mouvements d’opposition noirs jusque-là interdits, notamment l’ANC (African National Congress), puis en libérant Nelson Mandela neuf jours plus tard, le leader afrikaner du Parti national a incontestablement provoqué une onde de choc et ouvert la voie à un dialogue constructif entre les communautés blanche et noire du pays.
Le processus de réformes a été entretenu au cours de l’été 1991 avec la suppression des trois derniers piliers de la ségrégation raciale : loi sur l’habitat séparé, législation sur l’attribution des terres et décret sur la classification de la population en fonction de la race. La mise sur pied, d’une part de la Codesa (Convention pour la démocratie en Afrique du Sud réunissant les formations politiques des différents groupes de population (1)), d’autre part d’un comité exécutif de transition (TEC) permettant d’associer pour la première fois les Noirs aux décisions du gouvernement, a préparé les fondements institutionnels de la nouvelle Afrique du Sud. Cette politique d’ouverture, fragilisée par les affrontements entre certaines factions noires, a été largement facilitée par le succès du référendum du 17 mars 1992 dans lequel la majorité de la population blanche (près de 70 %) s’est prononcée en faveur d’un partage du pouvoir avec la communauté noire. En franchissant ce Rubicon, le régime de Pretoria a ainsi rendu possible le développement de négociations qui ont conduit aux premières élections multiraciales à la fin du mois d’avril 1994. Le scrutin a permis l’installation pour cinq ans d’une Assemblée nationale de 400 sièges (qui a élu Nelson Mandela à la tête de l’État sud-africain) et de neuf assemblées régionales (qui ont élu les 90 membres d’un Sénat). Pendant cette période transitoire, la principale tâche du nouveau Parlement va consister à élaborer une Constitution définitive visant à satisfaire les aspirations légitimes des Noirs et à protéger les droits des minorités.
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