Nombreux sont les auteurs ou spécialistes qui ont traité du problème de la prolifération nucléaire. L’effondrement du bloc de l’Est entraînant une situation confuse des complexes nucléaires militaires de l’ex-Union Soviétique, la surprise provoquée par la découverte des installations irakiennes à des fins nucléaires militaires, alors que l’Irak avait adhéré au TNP, ont contribué à créer un sentiment très alarmiste. Cette préoccupation est apparue au cours de la préparation du renouvellement du TNP propice à des déclarations tendant à renforcer ce climat d’inquiétude. Ajoutons à cela l’accent mis par les États-Unis sur la contre-prolifération (se substituant à un grand programme tel que l’IDS), dont la trame est à peine esquissée.

Certes, il est indéniable que les conditions qui favorisent une prolifération nucléaire ont sensiblement augmenté. De là à dire qu’elle conduira à un fléau inexorable est une conclusion excessive et cela mérite une analyse raisonnable de la situation présente.

La prolifération nucléaire doit-elle être considérée comme le danger majeur des temps futurs ? Qu’en est-il exactement ? Pour répondre à cette question, on analysera successivement : les éléments récents pouvant contribuer à un accroissement de la prolifération, en appréciant leur vraisemblance ; les moyens nécessaires et les difficultés de réalisation de chaque grande catégorie d’armes envisageables, afin de cerner une première probabilité technique de concrétisation de l’événement ; les motivations et les choix possibles des pays susceptibles de proliférer pour apprécier une seconde probabilité que l’on pourrait qualifier « d’intérêt ».