Les réponses qu’apporterait la Russie aux conflits futurs sont formulées dans la doctrine militaire officielle approuvée par Boris Eltsine en 1993. Les trois types dangereux pour la sécurité russe sont les suivants : l’éventualité, même lointaine, d’une attaque nucléaire généralisée, la menace d’une guerre régionale aux frontières de la Russie, une guerre séparatiste type guérilla sur le territoire russe.

Tout en reformulant l’éventail des ripostes plausibles, la doctrine russe s’est fixé comme objectif essentiel de pouvoir faire face à une guerre régionale, contre des mouvements séparatistes, enfin de pouvoir opposer une réponse crédible en cas de menace de conflit nucléaire. Elle souligne combien il est nécessaire de réformer en profondeur le système militaire en tenant compte des éléments de changement significatifs, à savoir : insister sur des forces permettant une riposte graduée, équipées d’armes perfectionnées et capables d’être projetées à l’extérieur en cas de conflit régional ; développer une garde nationale à l’ouest, au sud et au sud-ouest du pays, capable de former des personnels et de contenir les menaces régionales qui mettent en jeu la sécurité nationale ; enfin maintenir une dissuasion crédible contre toute possibilité de guerre majeure, y compris celle du premier feu nucléaire.

Dans les faits, bien peu de changements se sont produits et la doctrine d’avant 1993 n’est pas très différente de celle d’aujourd’hui. Deux raisons l’expliquent : d’une part, il n’y a jamais eu de réforme de cette doctrine, et elle ne reste qu’une lointaine possibilité ; d’autre part, les relations entre l’armée et les responsables civils et militaires sont difficiles et continuent d’alimenter un débat entre décideurs politiques. À cela s’ajoute le fait que les forces armées et les troupes ont été piégées par le conflit tchétchène, qui a mis au défi les analyses et prévisions militaires. Parallèlement à ces aspects de la réponse au défi sécuritaire, il est apparu toute une série de préoccupations non ou partiellement militaires qui, si elles ne sont pas traitées, transformeront totalement le paysage russe et son environnement au XXI^e siècle.