À propos de l'ouvrage Après eux, le Déluge – De Kaboul à Sarajevo (1979-1995), de André Fontaine.
Politique et diplomatie - « Après eux, le déluge »
Les vainqueurs des deux guerres mondiales avaient mis en œuvre des mécanismes qui leur paraissaient propres à éviter les conflits. Le succès, reconnaissons-le, a été limité. Au moins avaient-ils essayé. Maintenant, par contre, après la fin de la guerre froide, aucune construction du même genre n’a été ébauchée. Les grands hommes d’aujourd’hui se disent-ils, à l’instar de la Pompadour : « Après nous, le déluge » ? C’est du moins ce que laisse entendre André Fontaine dans un livre récent qui relate l’histoire des seize dernières années.
Alain Peyrefitte prédisait qu’un jour on dirait « le » Fontaine comme on dit « le » Furet pour l’étude de la Révolution. Acceptons-en l’augure car l’ouvrage est de valeur. Plutôt que de le commenter, mieux vaut discerner en filigrane les tendances de notre temps et, à partir de là, tenter d’entrevoir le monde qui nous attend.
Erreurs et limites
Pourquoi ne pas analyser des analyses ? L’ouvrage recense celles qui ont eu cours sur les principaux sujets, et on en prend vite la mesure. Force est de constater qu’elles étaient souvent trop imprégnées de l’air du temps. Conformistes, elles ne s’aventuraient guère hors des idées reçues, au risque de mal voir si l’horizon va se couvrir de manière inopinée ou si, au contraire, il va s’éclaircir contre toute attente. Rarement étaient prises en considération des opinions dissidentes. Consciemment ou non, les commentateurs, en effet, se laissent tenter par le démon du bien, se payant d’affirmations incantatoires qui leur font considérer comme acquise sur le long terme la victoire de la morale, de la modernité et de la démocratie. À moins que ne les emporte à l’occasion un catastrophisme jugé de meilleur ton.
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