L’engagement de plus en plus important des forces françaises dans les opérations interalliées a conduit le commandement militaire à mettre en place une nouvelle politique des langues pour faciliter les problèmes de communication avec les armées étrangères et les populations locales. La mise en œuvre de cette résolution est cependant entravée par le déphasage croissant qui se manifeste entre les directives des états-majors et leur application sur le terrain. Les raisons de cette inadéquation sont ici analysées en détail. L'auteur connaît bien ce sujet car il est professeur d’anglais militaire et s’est fréquemment rendu aux États-Unis et dans la plupart des pays anglophones d’Afrique et d’Asie.
La politique des langues dans l'Armée de terre
Depuis quelques années la France s’est lancée dans de nombreuses interventions militaires sous l’égide de l’Onu (guerre du Golfe, Liban, Cambodge, Somalie, ex-Yougoslavie). Simultanément, les échanges entre les états-majors français et l’Organisation militaire intégrée de l’Otan ont augmenté considérablement. Ce phénomène contraint les cadres militaires à faire un effort substantiel dans le domaine de l’apprentissage des langues étrangères, en particulier de l’anglais qui est devenu le principal vecteur de communication dans le monde, notamment au sein des différentes communautés militaires.
Pour s’adapter à cette réalité culturelle, l’armée de terre a donc mis sur pied un programme pédagogique ambitieux qui a pour objectif de faciliter la maîtrise de cette nouvelle discipline par le maximum d’officiers et de sous-officiers. Les paramètres qui régissent les certificats militaires de langues (CML) ont ainsi été sensiblement modifiés.
L’évolution des certificats militaires de langues
La nouvelle instruction ministérielle (1) établit une distinction très nette entre l’aptitude dans la langue écrite, qui est sanctionnée par des certificats militaires de langue écrite (CMLE), et les dispositions dans l’expression orale qui sont sanctionnées par des certificats militaires de langue parlée (CMLP). Cette différenciation capitale met en évidence les critères qui distinguent un traducteur d’un interprète. Dans le premier cas, l’expression écrite nécessite une phase de réflexion, donc un certain recul, pour saisir toutes les subtilités de la langue étrangère et pour les rendre parfaitement compréhensibles par un Français. Dans le second cas, la traduction orale requiert une capacité de réaction immédiate, donc la maîtrise de réflexes. Un bon traducteur peut ainsi être un mauvais interprète, et un excellent interprète un médiocre traducteur.
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