Entre Kaliningrad et la Russie : les dangers d'un corridor stratégique
L’oblast’ de Kaliningrad (ex-Königsberg) constitue, depuis l’effondrement allemand de 1945, un avant-poste russe fortement militarisé sur la mer Baltique. Isolée du reste de la Russie depuis que la Pologne, la Lituanie et la Biélorussie ont conquis leur indépendance, cette région de 15 100 kilomètres carrés est peuplée d’environ 900 000 résidents stables (civils et militaires), auxquels se sont progressivement ajoutés à partir de 1990 près de 100 000 militaires ou apparentés, rapatriés d’Europe centrale et nordique et en vaine instance de redéploiement vers la Russie centrale.
Une alternative est aujourd’hui offerte à l’« exclave » de Kaliningrad (pour reprendre le terme qu’utilisent les politologues allemands, hantés par le précédent de la Prusse orientale entre les deux guerres) : ou bien donner la priorité au développement économique, de préférence dans une zone franche déjà formellement esquissée, ou bien maintenir sur place une puissante base militaire. Les progrès conjugués des nationalistes et des communistes aux récentes élections en Russie laissent craindre que la préférence s’oriente depuis plusieurs mois vers la seconde option ; la suppression en mars 1995 de la plupart des avantages consentis aux zones franches donne en ce sens une fâcheuse indication.
L’affirmation de puissance militaire, à laquelle les Russes n’ont à ce jour jamais renoncé à Kaliningrad, paraît pour l’Europe d’autant plus inquiétante que l’oblast’ reste un arsenal surpuissant, objet de peurs réciproques, et désormais isolée de la patrie par des États indépendants.
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