Le commandement militaire : une position délicate
Je voudrais apporter un bref témoignage relatif à la gestion internationale de la crise bosniaque telle que je l’ai vécue, d’abord durant douze mois en qualité de commandant de la force de protection des Nations unies sous l’autorité de M. Akashi, puis pendant six mois avec M. Carl Bildt dans la période pré-Dayton puis de Dayton, dont j’ai eu le privilège d’être un des rédacteurs de l’annexe militaire des accords, et enfin pendant les douze premiers mois de la mise en œuvre de ces derniers.
Dans le temps dont je dispose, je serai inévitablement caricatural, partiel, partial, allusif plutôt que démonstratif, mais cela devrait susciter des réactions vives qui donneront à ce colloque un caractère animé qui nous rapprochera de la situation dans laquelle se trouve encore la crise bosniaque. Celle-ci est en effet loin d’être stabilisée, même si la presse française s’en fait assez peu l’écho, contrairement à la presse internationale. Notre presse paraît de fait aujourd’hui focalisée sur des aspects qui sont certes importants, mais somme toute marginaux par rapport au cœur du sujet, comme nos relations avec le Tribunal pénal international. Comme ce colloque n’a pas donné lieu à des réunions préparatoires d’harmonisation des interventions, je serai certainement amené à prendre quelques positions assez différentes de l’analyse qui vient d’être présentée par Mme Boidevaix.
Ma première partie portera sur la période allant de février 1994, date de l’ultimatum de Sarajevo, jusqu’à novembre-décembre 1995, époque du paraphe à Dayton des accords de paix signés à Paris. Dans une seconde partie, j’évoquerai la période de mise en œuvre par l’Ifor depuis Noël 1995 jusqu’à décembre 1996, date à laquelle j’ai quitté la Bosnie pour les fonctions de gouverneur des Invalides, dont je souligne qu’elles ont quelques liens, hélas ! avec la Bosnie-Herzégovine, puisqu’à l’Institution nationale des Invalides sont soignées certaines des victimes françaises de ce conflit. Dans ces deux parties, j’évoquerai quatre ou cinq points qui me paraissent plus importants que d’autres, pour terminer par une brève conclusion en trois points.
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