En janvier dernier, l'auteur, spécialiste de cette poudrière qu’est le Proche-Orient, nous faisait connaître son opinion sur la sécurité de l’État d’Israël. Cette fois-ci, il aborde la politique américaine dans cette région, d’une part envers l’Irak de Saddam Hussein, d’autre part à l’égard de l’État hébreu. Nous sommes conscients que les arguments émis peuvent prêter à observations de toutes sortes.
Politique américaine au Proche-Orient : deux poids, deux mesures
À n’en pas douter, la dernière décennie du XXe siècle se révèle être celle de la mise en cause de la politique américaine au Proche-Orient. S’il est vrai que le président irakien Saddam Hussein a été celui qui, en 1990, a lancé à Washington l’accusation d’avoir pratiqué une politique de deux poids deux mesures, il est aussi vrai que ce sont les États-Unis eux-mêmes qui se sont placés récemment au banc des accusés. En effet, la fermeté américaine envers l’Irak, exigeant le respect absolu par ce dernier des résolutions des Nations unies, en ayant même recours à la force pour obtenir ce résultat, tranchait avec la complaisance et l’impuissance de Washington vis-à-vis de l’État hébreu qui ne cesse de fouler aux pieds les résolutions et les prises de position de l’Organisation mondiale.
Afin de pouvoir illustrer cette contradiction, il nous semble important d’évoquer dans un premier temps la position ferme de Washington vis-à-vis de Bagdad dans le contexte de la crise qui opposait récemment l’Irak aux Nations unies. Ensuite, nous tenterons de mettre en relief quelques exemples qui révèlent la sélectivité coupable pratiquée par les États-Unis au Proche-Orient.
L’acharnement américain contre l’Irak
Incontestablement, l’embargo, mis en place à la suite de l’invasion du Koweït par l’Irak en août 1990, est d’une sévérité sans précédent dans l’histoire des Nations unies. Il a porté un coup terrible à l’économie irakienne, dépendant à plus de 80 % de l’exportation du pétrole, et appauvri considérablement la population. Selon les agences spécialisées de l’Onu, les besoins de celle-ci dans les domaines de l’approvisionnement en eau et en électricité, de la santé, de l’agriculture et de l’éducation, ne sont pas satisfaits, malgré l’application de l’accord « pétrole contre nourriture ». Un rapport du Programme alimentaire mondial (PAM) et de la Food Agricultural Organization (FAO) soulignait récemment qu’environ un million d’enfants irakiens étaient atteints de retard de croissance à la suite de malnutrition chronique. Le taux de scolarisation est aussi affecté, surtout pour les filles qui secondent leur mère en quête des denrées de première nécessité. Cette dégradation constante va créer des carences, à long terme, qui affecteront plusieurs générations. En outre, les statistiques évaluent le bilan du blocus à 800 000 morts, dont 320 000 enfants de moins de cinq ans.
Il reste 92 % de l'article à lire
Plan de l'article
 





