L'importance du phénomène religieux dans les pays de l'Association des nations du Sud-Est asiatique (Ansea) est surtout perceptible par le poids du bouddhisme qui constitue le courant majoritaire dans la zone. Le souffle spirituel très fort qui anime cette partie de l'Extrême-Orient concerne aussi d'autres valeurs asiatiques (hindouisme, philosophies des minorités chinoises, animisme) et les religions monothéistes (christianisme, islam). Ce creuset culturel est cependant contrarié par des conflits confessionnels qui perturbent certaines contrées et par les dérives d'un intégrisme musulman qui ont occasionné l'ouverture d'un nouveau front contre le terrorisme.
Le fait religieux en Asie du Sud-Est
La religion prétend définir les rapports de l’homme avec la puissance divine (monothéisme) ou les puissances surnaturelles (polythéisme, animisme). Dans les pays occidentaux, cette notion se distingue de celle de la philosophie qui se propose d’étudier les fondements des valeurs morales et de la pensée humaine. En Asie, cette nuance est beaucoup moins nette : les grands courants confessionnels sont à la fois des philosophies et des religions qui se réfèrent à des vertus de référence comme la sagesse. La communication avec les forces surnaturelles fait partie du mode de vie des individus et influe sur leurs comportements quotidiens et sur leurs décisions. Les sociétés locales puisent leur énergie dans le langage spirituel. Cette réalité très forte est surtout manifeste dans le bouddhisme qui touche une proportion importante d’Asiatiques.
L’influence du bouddhisme
Les fondements
Ce courant dominant dans la pensée asiatique ne peut pas être assimilé à une religion stricto sensu, mais plutôt à une ligne de conduite et à une philosophie qui se fonde sur l’enseignement d’un homme (le Bouddha) dont l’existence terrestre (vers 560-480 avant J.-C.) dans le sous-continent indien est connue dans ses traits essentiels. Le bouddhisme s’est propagé dans toute l’Asie. Il ne s’est jamais imposé par des croisades, des guerres saintes ou un prosélytisme à grande échelle. Au contraire, il s’est affirmé progressivement par la voie de la sérénité, l’appel à la réflexion et son message de paix intérieure. C’est précisément dans ce triple constat que réside la force de ce mouvement spirituel qui a façonné le mode de vie et les repères culturels de millions d’Asiatiques. Aujourd’hui, dans la zone constituée par l’Ansea (1), il est majoritaire en Thaïlande où il concerne 95 % des 60 millions d’habitants, au Myanmar (90 % de la population), au Viêt-nam (60 %), au Laos (85 %) et au Cambodge (95 %). Il est également pratiqué par 35 % de la société en Malaysia.
Le bouddhisme s’appuie sur le concept de l’immortalité de l’âme et le principe de la réincarnation : après la mort physique du corps humain, les êtres renaissent dans un autre corps en conservant la même âme. Cette dynamique de transformations perpétuelles ne prend fin que lorsque le bouddhiste atteint le nirvâna, l’état de délivrance et de transcendance qui libère l’individu et lui assure que son âme est parvenue au stade de pureté absolue. Une telle logique implique une notion particulière du temps. Puisque après la mort, les adeptes du bouddhisme renaîtront de toute façon dans une autre chair et conserveront la même âme, ils peuvent donc, quel que soit leur âge, se livrer à des projets à long terme qu’ils verront évoluer à coup sûr.
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