Au premier semestre 2007, l’Union européenne a lancé une nouvelle opération PESD en Afghanistan, tandis qu’une autre est en préparation au Kosovo. Les activités d’auto-évaluation ont été nombreuses, dans le domaine des capacités mais aussi en matière opérationnelle. La PESD fonctionne depuis plusieurs années, ce qui offre aux observateurs et surtout aux acteurs le recul nécessaire pour tirer les premiers enseignements des expériences passées. De nouveaux chantiers se profilent, notamment celui de la politique spatiale. L’Agence européenne de défense apparaît comme l’organe moteur d’un renforcement pragmatique et concret de la PESD, même si la volonté politique exprimée au plus haut sommet demeure essentielle. Le déblocage du processus d’unification européenne par le Conseil européen de juin 2007 pourrait avoir des retombées positives sur une PESD qui, cependant, n’a jamais cessé de progresser.
La Politique européenne de sécurité et de défense au premier semestre 2007
European Security and Defence Policy in the first half of 2007
In the first half of 2007, the European Union launched a new ESDP operation in Afghanistan, while another was being prepared in Kosovo. Much self-analysis has been carried out in the area of capabilities but also of operational matters. ESDP has been in place for several years, giving observers, and above all actors, the perspective necessary to draw some initial lessons from past experience. New areas are opening up, including that of space policy. The European Defence Agency is emerging as the driving force of a pragmatic and practical strengthening of ESDP, although political will expressed at the highest level remains essential. The unblocking of the European unification process by the June 2007 European Council could have positive effects on ESDP, although it has always continued to make progress.
Le premier semestre 2007 a été marqué par la relance de l’Union, après les refus français et néerlandais de ratifier le traité constitutionnel. Les questions institutionnelles ont dominé les débats, laissant peu de place, dans les médias tout au moins, aux réflexions sur la PESD. La question du ministre européen des Affaires étrangères, compétent pour l’ensemble de la Pesc, donc pour la PESD, a cependant été soulevée par le Royaume-Uni qui a rejeté l’appellation de « ministre », lui préférant celle de « Haut représentant ». Le Conseil européen, réuni les 21 et 22 juin 2007, semble avoir trouvé une formule de compromis en renonçant à la qualification de ministre sans pour autant revenir sur la solution élaborée lors de la CIG, celle qui faisait du « ministre » un membre de la Commission chargé en même temps de présider le Conseil dans sa formation « affaires étrangères ».
Peu troublée par les querelles politiques et institutionnelles, la PESD continue à progresser comme sous l’effet d’un engrenage (le fameux effet spill over de la science politique américaine ?). Elle avance à pas comptés sur un mode intergouvernemental qui sera sans doute son mode de fonctionnement pour de nombreuses années encore. La fin des piliers de l’Union pourrait résulter de l’adoption d’un traité simplifié, mais elle n’interviendra qu’au prix d’une réaffirmation — réclamée par les Britanniques — du caractère intergouvernemental de la Pesc et de la PESD. Que ce soit dans le cadre d’une Union à trois piliers ou pas, la cohérence de l’action extérieure reste un enjeu majeur. Les États membres en sont conscients, eux qui ont adopté, lors du Conseil de mai 2007, un rapport sur les progrès réalisés dans le renforcement de l’efficacité, de la cohérence et de la visibilité des politiques externes de l’UE.
La PESD contribue à l’affirmation de l’Union européenne sur la scène internationale avec d’autant plus d’efficacité qu’elle s’inscrit dans une stratégie globale, interpiliers, qui la fait interagir avec la politique de voisinage, la politique de développement ou l’action humanitaire. Finalement, il ne manque qu’une dimension à l’action extérieure de l’Union, celle de la défense collective. Ce n’est pas le moindre des paradoxes que de voir progresser la Politique européenne de sécurité et de défense, et de constater dans le même temps le silence de l’Union sur une question aussi sensible que l’implantation de systèmes antimissiles sur les territoires polonais et tchèque. Le champ d’action de la PESD demeure limité à son objet originel : offrir à l’Union européenne une capacité de gestion des crises lui permettant de mener avec une certaine efficacité des opérations sur plusieurs théâtres d’opérations. Dans ce domaine, le bilan, sans être exceptionnel, est incontestablement positif.
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