Le 2 mai 2009, le gouvernement australien publiait son cinquième Livre blanc sur la Défense *, intitulé « La Défense de l’Australie dans le siècle de l’Asie-Pacifique : les forces armées en 2030 ». Sa publication provoqua en Australie, et plus particulièrement au sein du Parti travailliste australien, une polémique sur la nature de la menace présentée dans ce document. En effet, le 3 juillet 2009, une dépêche de l’agence de presse australienne publiée dans les quotidiens nationaux titrait : « La politique de défense ne cible aucune nation ». Celle-ci mettait en exergue l’opinion de l’ancien Premier ministre australien, le travailliste Paul Keating, à propos de la présentation de la puissance chinoise et ses réserves quant à la perception de celle-ci par le Livre blanc. La Chine serait essentiellement perçue comme menaçante à l’encontre des intérêts régionaux australiens, notamment en Asie du Sud-Est. Ce à quoi répondit le ministre australien de la Défense, John Faulkner : « La politique de défense [de l’Australie] ne cible aucune nation ».

Néanmoins, malgré cette volonté d’apaisement affichée par le gouvernement, le Livre blanc retranscrit une inquiétude réelle des dirigeants australiens quant à l’émergence de la puissance chinoise, notamment à l’égard de ses capacités militaires. Mais, au-delà de ces préoccupations purement militaires, se dresse un véritable imaginaire sécuritaire intériorisé comme une valeur culturelle.

Le Livre blanc sur la Défense, un acte de langage

Les recherches portant sur l’étude du Livre blanc, en relations internationales, sont relativement rares. Aussi, devons-nous définir le terme en lui-même afin de mieux en cerner les enjeux qui lui sont associés. Le Livre blanc est originaire de Grande-Bretagne, il prit son essor au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Un Livre blanc sur la Défense est un document public qui rend compte de la pensée politique et stratégique d’un gouvernement. En matière de politique extérieure, le Livre blanc encadre les actions que le gouvernement entend jouer dans le monde, il permet de publier sa posture sur la scène internationale, sans négliger ses répercussions sur la société, en prenant la mesure de la protection des intérêts vitaux de la nation. La publication d’un nouveau Livre blanc est avant tout la marque d’orientation d’un nouveau gouvernement au pouvoir. Il s’agit alors pour le nouveau pouvoir en place de se démarquer de la ligne politique de ses prédécesseurs.