C’est un lieu commun de dire que la science et l’art de la guerre — comme toutes les sciences d’ailleurs et comme tous les arts — reposent sur des notions fondamentales, qui sont universelles et immuables. Ce lieu commun correspond incontestablement à une vérité, si bien que les constantes dont il s’agit représentent, dans le monde mouvant qui est celui des choses de la guerre, les seuls points fixes que nous y puissions trouver, les assises mêmes de la connaissance militaire, sur lesquelles tout repose et auxquelles il faut sans cesse se référer pour construire valablement l’avenir. Aussi peut-on affirmer que la guerre future sera dominée par les lois, par les principes et par les règles qui ont présidé aux conflits précédents.

Pourtant, si précieuses que soient de telles notions pour l’homme de guerre, leur portée est naturellement d’ordre très général ; et elles n’apportent pas une réponse suffisamment précise aux questions que pose chaque conflit en un temps déterminé et contre un ennemi nommément désigné. En fait, chaque conflit a ses problèmes propres et réclame en conséquence des solutions sans précédent.

Or, il se trouve que la guerre dans laquelle la France pourrait être impliquée, celle qui opposerait l’ensemble des nations communistes et de leurs satellites à l’alliance des pays atlantiques, revêtirait sans nul doute des aspects d’une originalité sans égale, qui confèrent dès maintenant à sa préparation une exceptionnelle complexité.