Diplomatique - La Sarre entre la France et l'Allemagne - Signature des Traités bilatéraux du Pacte d'assistance mutuelle (PAM) - Fabrication de la super-bombe aux États-Unis - Situation internationale de l'Indochine
Après MM. Acheson et Bevin, M. Robert Schuman a effectué en Allemagne à partir du 12 janvier 1950, un bref voyage dont le résultat aura été sinon de dissiper les malentendus, au moins de préciser les divergences entre les hommes d’État français et allemands. La visite de M. Schuman coïncidait avec la reprise, au Quai d’Orsay, des négociations économiques franco-allemandes commencées le 1er décembre mais suspendues au bout de quinze jours, et plus encore, avec l’annonce d’importantes conversation franco-sarroises qui devaient s’engager le 7 février. Reçu à Bonn, le 14 janvier par le Chancelier Adenauer et le Président Theodor Heuss, puis le 16 à Berlin par M. François-Poncet, Haut-Commissaire, M. Schuman eut l’occasion de mesurer directement les progrès du redressement allemand dans le domaine de la politique internationale. À la veille du départ de M. Schuman, le Président Heuss parlant devant le Landtag de Rhénanie-Palatinat, avait ainsi résumé la thèse et les espoirs de l’Allemagne : « La Sarre est allemande ethniquement et géographiquement, et nous espérons que, bientôt, elle appartiendra de nouveau à la fédération allemande ». Cette prise de position était d’ailleurs accompagnée de professions de foi en faveur d’une réconciliation franco-allemande.
À Bonn, M. Schuman a été directement informé des vues allemandes, tant de l’opposition que du Gouvernement : la Sarre est partie intégrante de l’Allemagne ; c’est donc avec l’Allemagne que la France doit discuter les projets actuellement à l’étude entre Paris et Sarrebrück. Toute autre solution impliquant une négociation directe entre la France et la Sarre préjugerait du statut politique de la Sarre en consacrant son détachement politique d’avec l’Allemagne. D’autre part, les mines et les chemins de fer sont la propriété du peuple allemand. Le Gouvernement de M. Hoffmann ne peut en disposer, même pour une location de longue durée, sans s’exposer à devoir rendre des comptes à l’Allemagne. Il conviendrait donc que le Gouvernement français suspendît les négociations en cours avec le Gouvernement sarrois. Faute de quoi, le fait accompli par la France risquerait de compromettre dangereusement le rapprochement franco-allemand. Toutefois, le Chancelier Adenauer ne revenait pas expressément sur l’accord précédemment donné à l’entrée de la Sarre au Conseil de l’Europe.
À ses interlocuteurs, M. Schuman répondait que l’Allemagne n’est pas habilitée à discuter du sort de la Sarre. La constitution de Bonn ne mentionnant pas la Sarre parmi les 11 pays formant la Fédération, celle-ci ne relève pas de la compétence du Gouvernement de M. Adenauer. Les nouvelles conventions franco-sarroises ne modifieront d’ailleurs pas le statut en vigueur. Elles restent dans les limites définies par ce principe admis par tous les alliés : la séparation économique de la Sarre d’avec l’Allemagne et son rattachement à l’économie française. Ce statut n’a d’ailleurs qu’une valeur provisoire ; c’est le traité de paix qui réglera définitivement le statut politique et par conséquent économique de la Sarre.
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