Diplomatique - Les Conférences de Washington et d'Ottawa - L'Allemagne en devenir - L'URSS a la bombe atomique
Les trois ministres des Affaires étrangères de la France, de la Grande-Bretagne et des États-Unis se sont réunis à Washington du 12 au 14 septembre 1951. Cette conférence avait pour objet de permettre aux représentants des trois puissances, qui sont en quelque mesure appelés à assumer le leadership du groupement occidental, de faire un tour d’horizon international et de confronter leurs opinions sur les problèmes immédiats.
La place que l’organisation économique et sociale de l’Occident doit tenir à côté de son organisation militaire fut à nouveau soulignée par les Britanniques. Ceux-ci pensent, en effet, que des préoccupations trop exclusivement militaires risqueraient de compromettre l’équilibre interne économique et social, et par suite politique, de certains pays européens – peut-être de tous. Le 14 septembre, un communiqué était publié qui dressait le bilan des résultats de la réunion. Les plus tangibles ont trait à l’évolution des rapports des alliés avec la République fédérale allemande (RFA). Les trois ministres des Affaires étrangères déclaraient qu’ils transmettraient à la Haute Commission alliée des instructions destinées à transformer la nature des relations entre les trois puissances et la RFA. Ces instructions tendaient à reconnaître officiellement à l’Allemagne son indépendance en matière intérieure et extérieure, à remplacer les Hauts-commissaires par des ambassadeurs et les troupes d’occupation par des forces de défense stationnées sur le territoire allemand dans des conditions analogues à celles qui président au maintien des forces américaines sur le territoire japonais aux termes du pacte nippo-américain.
Cependant, les trois puissances encore occupantes entendaient se réserver à l’égard de l’Allemagne indépendante certaines sauvegardes. Aussi les négociations immédiatement engagées à la suite des accords de Washington entre le Chancelier Adenauer et la Haute Commission alliée se sont-elles avérées assez difficiles. Outre les relations entre l’Allemagne et les trois puissances, la Conférence de Washington tranchait, au moins sur le papier, le problème, longtemps controversé entre les Alliés eux-mêmes, de la forme que devait prendre la participation allemande à leur effort militaire. La France obtenait, sur ce point, gain de cause ; notre diplomatie faisait, en effet, accepter à Washington les vues précédemment défendues sans succès par notre Gouvernement, selon lesquelles le plan Schuman d’unification économique, auquel s’était d’emblée rallié le Gouvernement américain, avait un complément, logique et indispensable, dans le plan Pleven d’unification militaire. À vrai dire, le communiqué de Washington ne faisait qu’indiquer, sans donner de précisions, que la Haute Commission négocierait avec le Gouvernement fédéral allemand « des accords concernant la participation allemande à la défense de l’Ouest dans le cadre de la communauté de défense européenne projetée, dont les forces armées feraient partie des forces de défense conjointes placées sous l’autorité suprême Nord-Atlantique ». Plus que cette formule elliptique, les commentaires de presse soulignaient l’importance de la décision intervenue et notaient le ralliement britannique à la thèse française. Ces commentaires ayant, toutefois, marqué que le recrutement de l’armée allemande allait pouvoir commencer immédiatement, notre ministre des Affaires étrangères précisa que la constitution de cette armée ne pouvait s’opérer avant la signature d’une Convention contractuelle avec l’Allemagne, que la signature de cette Convention serait, elle-même, précédée d’un débat au Parlement français, mais que, cependant, les opérations préliminaires de recrutement pouvaient, d’ores et déjà, être commencées sous les auspices du SHAPE.
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