Une page se tourne dans l'histoire de l'aviation militaire roumaine, avec le retrait du service actif des mythiques avions MiG-21. Mis au service actif dans l'armée de l'air roumaine en 1959, modernisés à la fin des années 1990 en vue de l'intégration de la Roumanie dans l'Otan en 2004, les MiG-21 LanceR étaient devenus obsolètes et dangereux. Dans le contexte de la guerre en Ukraine, leur retrait du service actif avait été retardé d'un an par Bucarest.
Roumanie, la fin d’une époque (T 1490)
(© Robert Sullivan / Flickr)
Ce lundi 15 mai, l’armée de l’air roumaine a officiellement retiré du service ses derniers avions MiG-21 LanceR, après plus de soixante ans de présence. Arrivés à bout de souffle, il était urgent pour Bucarest de cesser de mettre en œuvre des avions devenus obsolètes, voire dangereux pour ses pilotes. En effet, entre 1990 et aujourd’hui, 26 appareils ont été perdus avec un dernier accident en avril 2022, ayant coûté la vie à son pilote. Le MiG-21 fut cependant prolongé d’un an au regard de la guerre d’Ukraine, la Roumanie étant, de facto, exposée à la menace russe et devant assurer la police du ciel dans son espace aérien.
Le MiG-21 a été un avion mythique et redouté durant des décennies. Il reste, à ce jour, le chasseur supersonique le plus construit, avec près de 14 000 exemplaires. À titre de comparaison, le F-4 Phantom fut produit en 5 195 exemplaires et le F-16 – toujours en production – pourrait franchir le seuil des 5 000 engins assemblés. Le MiG-21 reste loin devant et il est peu vraisemblable qu’il soit dépassé un jour.
Sa conception remonte au début des années 1950 et sa première mission devait être de pouvoir intercepter les bombardiers stratégiques américains du type B-52, d’où le besoin d’une vitesse supersonique. Très performant, le MiG-21 a effectué son premier vol en 1955 et est entré en service à partir de 1959. Sa production s’est achevée en 1985 et il fut déclassé en Russie à partir de 1998. Il a été exporté dans plus de 40 pays, dont l’Inde et la Chine. Il a participé à plusieurs guerres, dont la guerre des Six Jours et celle du Vietnam. Il est encore en service en Inde et en Croatie, où il va être remplacé par les Rafale rachetés d’occasion à la France.
La Roumanie a réceptionné ses premiers MiG-21 à partir de 1962 et en a aligné presque 400. À la chute du Pacte de Varsovie, les appareils sont conservés et un certain nombre d’entre eux vont faire l’objet d’une modernisation profonde pour les adapter aux standards de l’Otan, la Roumanie intégrant l’Alliance atlantique en 2004.
Cette rénovation fut conduite par l’entreprise israélienne Elbit Systems, associée à la roumaine Aerostar SA et s’étala de 1995 à 2002. Le radar et le système d’armes furent remplacés, redonnant ainsi de nouvelles capacités au MiG-21 rebaptisé LanceR.
Toutefois, au fil des ans et avec les difficultés économiques que connaît le pays à partir de 2008, la flotte appréhende une très forte attrition.
Pour pallier la baisse inéluctable du nombre d’avions disponibles, Bucarest bénéficia du rachat, à partir de 2018, de 17 F-16 portugais, dont 3 biplaces destinés à la formation et l’entraînement. Il est aussi envisagé d’acquérir 32 F-16 auprès de la Norvège, celle-ci recevant des F-35. Ce dernier appareil est souhaité, à terme, par la Roumanie, mais le coût d’acquisition et de possession semble très élevé au regard du budget disponible. Par ailleurs, une partie des missions de protection du territoire roumain est assurée, jusqu’au mois de juin, par un détachement de F-18 espagnols, avec d’autres appareils de l’Otan.
Avec le retrait de ces MiG-21, c’est une page d’histoire qui se tourne pour la Roumanie et l’Otan. L’obsolescence de ces appareils était si élevée que même l’Ukraine ne s’est pas montrée intéressée pour les récupérer afin d’affronter les MiG et autres Sukhoï russes. ♦