Un an après la « parenthèse » des Jeux olympiques et paralympiques (JOP) de Paris 2024, le général Jérôme Pellistrandi décrit un monde qui ne laisse pas de place à quelconque trêve dans la conflictualité généralisée de ces années 2020. La Russie intensifie ses frappes contre l'Ukraine, le conflit à Gaza est loin d'une paix et le Moyen-Orient, de la Syrie au Liban, connaît une instabilité inédite depuis ces dix dernières années. Aucune trêve olympique n’a vu le jour ni pendant les Jeux, ni après, malgré les espoirs portés par l'événement, rattrapé par les réalités géopolitiques.
Éditorial — 1 an après : pas de trêve olympique (T 1732)
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Edtorial —1 year later: no Olympic truce
One year after the "interlude" of the Paris 2024 Olympic and Paralympic Games, General Jérôme Pellistrandi describes a world that leaves no room for any truce in the widespread conflict of the 2020s. Russia is intensifying its strikes against Ukraine, the conflict in Gaza is far from peaceful, and the Middle East, from Syria to Lebanon, is experiencing unprecedented instability in the last ten years. No Olympic truce has emerged either during the Games or afterward, despite the hopes raised by the event, overtaken by geopolitical realities.
Il y a un an, la flamme olympique embrasait le ciel parisien et le succès populaire des jeux olympiques et paralympiques (JOP) de Paris 2024 fut un grand moment d’émotion collective de dimension mondiale. Même si les habituels rabat-joie nationaux fustigèrent ces JOP, force est de reconnaître que ce fut une réussite tant sur le plan organisationnel que sur le plan sportif. Une réussite à laquelle les armées apportèrent un large concours pour en assurer la sécurité, jusque et y compris en Polynésie avec les épreuves de surf.
Un an plus tard, cet été ne sera pas celui d’une trêve dans la conflictualité tout en n’oubliant pas que durant la même période l’année dernière les guerres continuèrent tant en Ukraine qu’à Gaza. Cependant, il faut bien admettre que rien n’a avancé vers des paix plus ou moins sincères… bien au contraire !
Avec l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche, Vladimir Poutine s’est senti pousser des ailes et ses objectifs restent clairement la capitulation de l’Ukraine, sa démilitarisation et son annexion dans l’orbite russe. À ses exigences politiques, il a désormais ajouté les frappes quotidiennes sur l’ensemble du territoire ukrainien avec une augmentation des tirs de drones et de missiles, provoquant une hausse des pertes civiles ukrainiennes. Kyiv est sur la défensive et parvient, certes, à tenir la ligne de front mais à un prix élevé et en étant obligé de pratiquer des reculs tactiques. Moscou grignote du terrain et poursuit sa campagne de terreur sans aucune volonté manifeste de vouloir vraiment négocier.
En même temps que la guerre de haute intensité contre l’Ukraine, la Russie poursuit sa guerre hybride contre l’Europe, en utilisant notamment les réseaux sociaux pour déstabiliser nos sociétés démocratiques. Les attaques systématiques contre le chef d’état-major des armées (Cema), le général Thierry Burkhard, alors que celui-ci, déjà prolongé, va passer la main à son successeur début septembre – dans un mouvement tout à fait classique à la tête de nos armées – en est un exemple concret. Les relais pro-russes ont depuis quelques jours distillé la rumeur d’une démission forcée du Cema et mis en doute les qualités opérationnelles de son successeur, le général Fabien Mandon. La lâcheté des attaques ad hominem contre ces deux chefs militaires montre bien l’allégeance de personnalités pro-russes prêtes à tout pour discréditer nos armées et notre pays. La vigilance s’impose face à ces ingérences et ces manipulations. Celles-ci vont d’ailleurs s’intensifier contre la France et nos partenaires. La guerre de l’information n’est pas une vue de l’esprit mais bien une réalité quotidienne qu’il faut désormais prendre en compte.
Sur les autres théâtres, depuis l’été 2024, les conséquences géopolitiques des attaques terroristes du 7 octobre 2023 se poursuivent avec la chute du régime de Bachar el-Assad en Syrie et la mise en place d’un pouvoir islamiste dont le principal défi est de restaurer un minimum d’unité autour d’un État largement discrédité au sein de la population mosaïque de la Syrie. Au Liban, même si le Hezbollah a été durement frappé, la reconstruction de l’autorité de l’État libanais reste laborieuse, bien que des progrès aient été réalisés. Quant à l’Iran, après la guerre des « 12 Jours » menée par Israël puis les États-Unis, le pouvoir des mollahs, bien que fragilisé, demeure quasi intact tandis que le programme nucléaire militaire a été juste retardé tant que de véritables négociations ne parviennent pas à des résultats concrets.
Cette instabilité structurelle a été largement abondée par la nouvelle administration Trump où l’imprévisibilité du Président américain et l’amateurisme de son équipe ne facilitent pas les dialogues diplomatiques en voulant tout transformer en grand show médiatique destiné à alimenter la base MAGA (« Make America Great Again ») de l’électorat trumpiste.
Pendant ce temps-là, la Chine poursuit ses conquêtes pas à pas, apparaissant presque comme un pôle de stabilité dans la tempête mondiale. Décidemment, pas de trêve post-olympique en 2025… ♦