Le sommet de Riga est en apparence mineur : peu de décisions ont été prises, car il a d’abord été question de l’Afghanistan. La seule nouveauté réside dans l’offre de partenariat à la Serbie et à la Bosnie. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si beaucoup de dossiers (groupe de contact sur l’Afghanistan, partenariat, sécurité énergétique) ont été laissés aux échelons de mise en œuvre, et tout d’abord au Secrétaire général : cela illustre l’absence de déclaration politique, de souffle, d’allant. La notion de partenariat global est ainsi remise à plus tard, ce qui satisfait la France.
Dans une perspective plus large, la réalité militaire en Afghanistan a révélé des dissensions que l’on croyait tues ou apaisées, et des interrogations que l’on croyait résolues. Après Riga, il est désormais clair que l’expansion des missions de l’Otan pose problème, qu’il s’agisse des opérations loin d’Europe ou des tâches non strictement militaires : cela légitime a contrario la PESD. De ce point de vue, le sommet de Riga n’est donc pas anodin.
Riga: a minor summit?
To all appearances the Riga summit seems a minor one: few decisions were taken because Afghanistan was the major topic of discussion. The only thing that was new was the offer of a partnership with Serbia and Bosnia. This was hardly surprising, since many issues (including the contact group on Afghanistan, partnership and energy security) had been left at working group level, and with the Secretary General in particular. All of which serves to illustrate the lack of political declarations, the lack of inspiration and the lack of drive. To the satisfaction of France the idea of an overall partnership was postponed until a later date.
From a broader perspective, the military reality in Afghanistan has brought out into the open a number of matters of dissent that had been thought silenced or pacified, and problems that had been thought resolved. After Riga it is now clear that the expansion of NATO missions poses a problem, both with regard to operations well away from Europe and to those tasks which are not strictly military, a problem which gives legitimacy to the ESDP. From this point of view, the Riga summit was not insignificant.
Le sommet de Riga a été jugé mineur par les commentateurs, et décevant par les plus atlantistes : il ne tient pas la comparaison avec ceux de l’après-guerre froide. Rome (1991) créait la coopération nord-atlantique et retenait un premier concept stratégique. Bruxelles (1994) puis Madrid (1997) précisaient l’Identité européenne de sécurité et de défense (IESD) au sein de l’Alliance. Washington (1999), sommet du cinquantenaire, décidait un premier élargissement à l’est et l’adoption d’un nouveau concept stratégique. Le plus important peut-être, Prague (2002), outre une nouvelle vague d’élargissement, adoptait le principe de la Force de réaction de l’Otan et réformait profondément la structure. Istanbul (2004), déjà d’une portée plus faible, montrait l’intérêt de l’Alliance pour les pays du Golfe (Initiative d’Istanbul). On ne retiendra rien de tel à Riga.
Au contraire, les interrogations sur l’utilité de l’Otan sont revenues au-devant de la scène, alors que l’engagement de l’Alliance dans de multiples opérations (de 1995 à 2005) laissait croire que la question ne se posait plus. La situation en Afghanistan a occupé tous les esprits, et empêché des avancées ailleurs. Toutefois, ce maigre résultat est peut-être moins anodin qu’il n’y paraît : ne suggère-t-il pas que l’Alliance vérifie le proverbe « qui trop embrasse mal étreint » ? Un tel constat marquerait alors la fin d’une prédominance dans les affaires de sécurité de l’Europe. C’est peut-être ce qu’on retiendra du sommet de Riga.
L’Afghanistan
En Afghanistan, le durcissement des conditions militaires a mis bas les optimismes : nous écrivions il y a trois mois (1) que l’Otan ne pouvait pas perdre : certains n’hésitent plus aujourd’hui à en émettre l’hypothèse La situation en Afghanistan est critique : au moment du sommet, 184 soldats alliés ont été tués depuis le début de l’année, dont 91 Américains (il n’y en avait eu « que » 130 en 2005). C’est d’autant plus sensible que l’année 2006 avait vu de nombreux tiraillements lors de la prise de responsabilité des régions Sud et Est. La préparation de Riga a rendu public le débat sur le renforcement des troupes alliées qui combattent dans le Sud (Britanniques, Hollandais et Canadiens) et dans l’Est (Américains). Trois positions s’affrontaient.
L’Afghanistan
L’avenir de l’Otan
Aux confins de l’Alliance
Affaires militaires
Conclusion