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  • Armée de l’Air et de l’Espace - Puissance militaire aérospatiale - Salon du Bourget 2025
  • Enseignements stratégiques du domaine Air & Espace des derniers conflits

Enseignements stratégiques du domaine Air & Espace des derniers conflits

Sébastien Delporte, "Enseignements stratégiques du domaine Air & Espace des derniers conflits " Armée de l’Air et de l’Espace - Puissance militaire aérospatiale - Salon du Bourget 2025

Les conflits récents confirment l’emploi politique et le rôle décisif sur le champ de bataille de la puissance militaire aérospatiale. Ils illustrent également l’importance croissante des frappes dans la profondeur, de l’emploi massif des munitions aériennes de tous types, de la défense antiaérienne et de l’intégration multi-milieux et multi-champs. Ces enseignements sont pleinement intégrés à la réflexion stratégique aérospatiale de l’armée de l’Air et de l’Espace.

Lessons Learned From Contemporary Air and Space Warfare

Recent conflicts have underlined the political role of military aerospace power and its decisive role in battle. They have also shown the growing importance of deep strikes, massive use of airborne munitions of all types, anti-air defence and of integrating multi-domain operations. The lessons learned have been fully integrated into the strategic aerospace thinking of the French Air and Space Force.

La guerre de demain ne sera ni celle d’hier, ni celle d’aujourd’hui. Pour autant, les enseignements tirés des conflits actuels permettent d’identifier des constantes, des variations et des tendances lourdes. En prenant soin d’éviter un biais de confirmation pour appuyer des choix antérieurs et la tentation de voir le monde sous l’unique prisme occidental ou les conflits actuels comme des nouveaux standards, ces études doivent servir à susciter la réflexion des hautes autorités, orienter les travaux des états-majors et informer le public sur ces questions de défense.

L’emploi des moyens aériens et spatiaux en Ukraine et au Proche-Orient apporte deux confirmations fortes et révèle quatre enseignements assez nouveaux ou d’une ampleur inédite que l’armée de l’Air et de l’Espace intègre dans sa réflexion stratégique aérospatiale.

La puissance aérospatiale : levier politique de premier ordre

La puissance aérospatiale permet d’engager la force en cohérence avec l’immédiateté du tempo décisionnel politique, pour dissuader ou intimider un adversaire, a minima pour figer la situation sans délai, tout en maîtrisant les coûts associés et en réduisant les risques consentis. C’est la réponse initiale d’Israël à l’attaque du 7 octobre 2023, frappant les moyens militaires du Hamas dans la bande de Gaza dès la mi-journée, avec précision et sans empreinte au sol. Au-delà, la fulgurance, l’allonge, la diversité des modes d’action et la granularité dans l’intensité des effets produits par la puissance aérospatiale permettent de retrouver des degrés de liberté stratégique. En portant le conflit sur le territoire russe à l’été 2024, l’Ukraine déplace le centre de gravité du combat et reprend, au moins temporairement, l’initiative. Le raid d’Israël sur l’Iran d’octobre 2024 démontre enfin la capacité de Tel-Aviv à frapper son adversaire où et quand il veut, tandis que ses frappes préemptives en Syrie en décembre 2024 neutralisent toutes capacités d’attaque aérienne du territoire israélien ou d’entrave à sa liberté d’action dans le ciel syrien.

L’importance d’une véritable campagne aérienne dès le début de la manœuvre opérative

D’abord, la supériorité aérienne conditionne la liberté de manœuvre des forces dans tous les milieux. En Ukraine, de part et d’autre, l’impossibilité de dominer le ciel au-delà du front a réduit le combat à une guerre de positions. À l’inverse, au Proche- Orient, Israël dispose d’une liberté absolue, ce qui lui permet de poursuivre ses objectifs moyennant des pertes minimes.

Ensuite, une campagne aérienne menée avec cohérence permet de façonner le champ de bataille pour un engagement ultérieur moins risqué et moins coûteux, en surface comme dans les airs. C’est ce shaping qui a manqué lors de l’invasion russe de février 2022, avec des frappes aériennes imprécises et non concentrées sur la défense aérienne ukrainienne. Les raisons portent à la fois sur une approche doctrinale différente – avec un emploi de l’aérien réduit à l’appui et une prépondérance des feux délivrés par l’artillerie –, la faiblesse de l’intégration interarmées et un niveau tactique finalement assez bas. En revanche, l’emploi innovant de bombes planantes lors de la bataille d’Avdiivka (printemps 2024) a permis une reprise progressive de liberté d’action des forces terrestres russes. Mieux coordonnées, les frappes aériennes israéliennes ont de même préparé les campagnes terrestres, en réduisant les défenses et en contraignant la logistique, les communications et les Commandement et contrôle (C2) adverses.

Enfin, le ciblage joue un rôle central. La victoire sans appel au Koweït en 1991 avait montré la cohérence de frappes ciblées pour neutraliser la 6e armée de l’Air du monde, puis mettre en déroute les divisions irakiennes en 43 jours. Les conflits récents confirment l’importance du ciblage : les frappes ukrainiennes ont su repousser la défense sol-air russe en Crimée afin de gagner en liberté de manœuvre. Pour leur part, les frappes aériennes israéliennes ont neutralisé des cibles de haute valeur, y compris en zone urbaine. En outre, la constitution en amont de dossiers d’objectifs, alimentés par un renseignement de qualité, a permis à Israël de saisir une opportunité en Syrie en profitant du mouvement de la résistance pour consolider sa propre stratégie régionale au Proche-Orient.

L’analyse des conflits contemporains confirme donc, par le contre-exemple (Russie) et l’exemple (Israël), ce qu’il faut faire pour tirer le meilleur rendement militaire et politique de la puissance militaire aérospatiale.

L’observation de nouvelles tendances

Des tendances nouvelles nourrissent également la réflexion, concernant les frappes dans la profondeur, l’emploi des drones, munitions téléopérées et préprogrammées, la défense aérienne ainsi que les effets dans les milieux physiques et champs immatériels.

Les frappes dans la profondeur s’appuient dorénavant sur l’emploi diversifié et coordonné de vagues de munitions de tous types (missiles, drones, munitions télé-opérées ou préprogrammées, armements surface-surface…) pour saturer les défenses adverses. En particulier, la mission de suppression des défenses aériennes ennemies (SEAD) s’impose comme une priorité pour l’acquisition de la supériorité aérienne et la capacité de frappes ultérieures, comme l’ont rappelé les premières vagues d’attaques israéliennes sur la défense aérienne en Iran et en Syrie en octobre et décembre 2024 (systèmes sol-air, bases aériennes, radars…). Toutefois, ces frappes dans la profondeur apparaissent non décisives sans continuité ni ciblage pertinent, à l’instar des frappes russes massives de missiles et munitions télé-programmées, restées longtemps désordonnées et focalisées sur le système énergétique ukrainien sans effet notable. Néanmoins de telles frappes ont pu avoir des répercussions dans le champ informationnel : pourtant abattus en majorité, les tirs houthis ont toutefois provoqué la réduction du transit maritime en mer Rouge de plus de 50 %.

L’emploi massif de munitions s’est donc généralisé, allant du petit drone au missile hypervéloce en passant par les drones « One way attack » à faible coût et utilisés pour renforcer l’effet de masse en accompagnant des missiles dédiés aux cibles à forte valeur ajoutée. Ainsi, ces équipements – devenus « consommables » – sont détermi nants dans les conflits actuels et façonnent le champ de bataille. C’est d’ailleurs aujourd’hui une priorité chez les Ukrainiens et les Russes qui intègrent des spécialistes des drones au sein de leurs bataillons pour en optimiser l’emploi en appui de la manœuvre terrestre. En outre, ces munitions deviennent accessibles à tous les belligérants, étatiques ou non, y compris dans leurs versions les plus sophistiquées. En permettant une saturation des défenses adverses, leur emploi massif permet de maintenir la pression sur l’adversaire et de compenser une infériorité capacitaire ou technologique lorsque la supériorité aérienne n’est pas acquise. C’est le cas en Ukraine ainsi que pour le Hezbollah, le Hamas ou encore les Houthis.

Logique du glaive et du bouclier, et face à la multiplicité de ces frappes, les défenses aériennes se renforcent. On observe la mise en place de défenses multi couches, coordonnant l’action de moyens de surface comme aériens, avec des interceptions assurées par des systèmes sol-air, des frégates anti-aériennes, des hélicoptères ou des avions de chasse.

Enfin, l’emploi de la puissance aérospatiale apparaît comme indissociable de la manœuvre dans tous les milieux physiques et les champs immatériels.

En matière de ciblage, d’observation, de navigation, de communication ou de synchronisation, le pouvoir amplificateur du spatial a été largement démontré par le soutien de Starlink à l’Ukraine et le brouillage russe sur le GPS par exemple, tout comme la contrainte générée par une interruption des services spatiaux. Sous-estimée depuis plusieurs décennies, l’importance de la guerre électromagnétique (GE) est flagrante sur le théâtre ukrainien et rappelle que la maîtrise du spectre électromagnétique est un prérequis à la supériorité aérienne et, au-delà, à la supériorité opérationnelle. À titre d’illustration, les logiciels des drones ukrainiens sont mis à jour toutes les quatre à six semaines pour contrer les brouillages russes. Le champ informationnel est aussi lié à l’emploi de la puissance aérospatiale dans les conflits actuels. Cette dernière peut en démultiplier les effets – détournement des flux maritimes de la mer Rouge, mythe du « fantôme de Kiev » protecteur du ciel ukrainien – mais aussi focaliser l’attention médiatique sur d’autres aspects d’un conflit, telle la légitimité des actions vis-à-vis des dommages collatéraux à Gaza en 2023.

Pour finir, les affrontements en cours soulignent que, dans tous les domaines (tactique, équipement, formation, organisation), la capacité d’adaptation est gage de survie pour les forces armées. La résilience de la Nation, comme l’Ukraine l’illustre, apparaît également comme un facteur déterminant pour permettre aux armées de durer dans un conflit : recrutement, industrie et économie de guerre, soutien moral…

Quelles leçons pour l’armée de l’Air et de l’Espace ?

La préparation au combat de haute intensité est dans l’ADN de l’armée de l’Air et de l’Espace, portée par la composante nucléaire aéroportée et l’impératif de pénétrer les défenses adverses. Les enseignements sont de trois ordres : l’effet de masse et le high-low mix, la défense sol-air multicouches et l’intégration de tous les effets dans, depuis et vers la troisième dimension.

Il s’agit de développer l’effet de masse de nos propres raids aériens, jouant de la vitesse et de la manœuvrabilité (hypervélocité), de la dispersion, de la déception (drones/munitions leurres) et de la protection des munitions pour augmenter leur survie. L’intégration d’effecteurs plus connectés, comme pour le futur couple Rafale F5 -drone de combat, contribuera à consolider cette capacité de pénétration. Sans négliger le caractère déterminant de la haute technologie, l’emploi massif de munitions « exotiques » suggère aussi de combiner matériels de haute et basse technologie, dans une équation capacitaire intégrant des enjeux d’attrition et de coût, et donc de stocks et de disponibilité.

A contrario, la défense aérienne ne peut plus se concevoir qu’en multicouches, dont la lutte anti-drones, mais elle pose deux problématiques majeures. D’une part, la disproportion entre les coûts des effecteurs assaillants (dizaines de milliers d’euros) et de ceux qui leur sont opposés (centaines de milliers d’euros) nécessite de s’interroger sur la soutenabilité financière d’une défense aérienne de haute technologie. D’autre part, la protection des infrastructures sensibles, des sites militaires et des forces déployées sur le champ de bataille apparaît comme un enjeu opérationnel croissant que la seule technologie ne pourra pas couvrir à court terme sur des territoires étendus. L’armée de l’Air et de l’Espace se penche donc sur des moyens de protection passive (protection physique, déception, brouillage électromagnétique, retour du canon anti-aérien, développement du laser…) comme active (évolution des modes d’action, lutte anti-drone, concept de dispersion French ACE (1) …). Ces réflexions pourraient aussi conduire à revenir à une « défense sol-air active » sur l’exemple de la défense sol-air agile ukrainienne abattant un A-50 et un Iliouchine Il-22. En revanche, le taux d’interception et la capacité de sélectivité de l’Iron Beam israélien rappellent les atouts de la haute technologie pour une défense sol-air efficace, notamment appuyée par l’intelligence artificielle (IA).

En outre, la défense aérienne doit impérativement investir la très haute altitude (20-100 km) qui, même si elle est encore peu utilisée, voit apparaître de nouvelles menaces à des vitesses et altitudes inédites jusqu’ici. Il s’agit de développer des moyens de détection et d’intervention dans ce nouveau Far West, dans une logique de continuum d’action, des plus basses couches jusqu’aux orbites géostationnaires. La convergence des C2 Air et Espace pourrait en être la clé pour contrer des menaces susceptibles de transiter dans toutes ces tranches d’altitudes.

Plus largement, l’intégration et la maîtrise des effets dans tous les milieux et champs s’imposent. Notamment, l’articulation des engagements interarmées des différentes composantes dans la troisième dimension est indispensable pour optimiser l’emploi de la puissance aérospatiale dans toute son étendue. D’un côté, la coordination de feux plus nombreux, plus diversifiés et, pour certains d’entre eux, de portée significativement accrue (2), impose de reconsidérer l’organisation du champ de bataille, a minima pour éviter les tirs fratricides et assurer la protection des forces déployées. De l’autre, pour l’efficacité des frappes, le savoir-faire en matière de ciblage doit être entretenu, avec l’appui de l’IA. L’expertise et la place des aviateurs dans le continuum d’emploi de la 3D sont donc un enjeu crucial pour les opérations interarmées.

Dans l’Espace, outre la protection des moyens géostationnaires par les futurs patrouilleurs Yoda (Yeux en orbite pour un démonstrateur agile), l’achat de services commerciaux pourra consolider les capacités patrimoniales en nombre limité, en veillant à l’équilibre entre noyau souverain et compléments civils : amélioration des taux de revisite, gain en bande passante, multiplication des observations… Savoir opérer en environnement spatial contesté est également primordial. En ce sens, la complémentarité des effecteurs à toutes les altitudes (espace aérien-THA-Espace) consolidera cette résilience.

Enfin, dans des confrontations plus symétriques, la maîtrise du champ électromagnétique redevient primordiale pour garder l’initiative dans la troisième dimension. Ainsi, le renforcement de nos capacités de GE est impératif pour contourner ou neutraliser les systèmes adverses. La ré-acquisition de moyens et de savoir-faire dans le domaine de la SEAD du haut de spectre, d’armement manœuvrant à longue distance et du brouillage offensif, est indispensable, pour garantir notre capacité à entrer en premier et à opérer en environnement électromagnétique contesté.♦

(1)Agile Combat Employment : capacité de disperser les moyens aériens et d’opérer hors des bases permanentes.
(2) Portées ne se comptant plus en dizaines mais en centaines, voire en milliers de km.

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