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  • Armée de l’Air et de l’Espace - Puissance militaire aérospatiale - Salon du Bourget 2025
  • Les nouveaux défis de conception et de coordination de la manœuvre interarmées

Les nouveaux défis de conception et de coordination de la manœuvre interarmées

Pierre-Stéphane Vaysse, "Les nouveaux défis de conception et de coordination de la manœuvre interarmées " Armée de l’Air et de l’Espace - Puissance militaire aérospatiale - Salon du Bourget 2025

Dans un environnement géostratégique instable, l’intégration des effets, la rapidité d’action et l’agilité des forces sont au cœur de la réflexion militaire. Après trente ans de progrès en matière d’interarmisation, il s’agit d’affronter la guerre hybride et les conflits de haute intensité en assurant une coordination plus fine et plus agile dans les différents milieux et champs de conflictualité. L’armée de l’Air et de l’Espace s’inscrit pleinement dans cette dynamique.

The New Challenges of Designing and Coordinating Joint Manoeuvres

In an unstable geo-strategic environment, integration of effects, speed of action and agility of forces are central to military considerations. Following thirty years of progress in joint operation, we now confront hybrid warfare and high intensity conflict whilst ensuring coordination of greater refinement and reactivity in the many environments and fields of conflict. The Air and Space Force is fully committed within this dynamic.

La guerre du Golfe de 1991 a marqué profondément les armées françaises dans leur manière de concevoir et de conduire les opérations militaires. Elle constitue même l’événement déclencheur des réorganisations qui se sont imposées afin de penser et de mener une manœuvre interarmées. Le choc de transformation a été violent pour les états-majors et les évolutions induites ont durablement façonné les opérations françaises pour les trois décennies suivantes (1).

La date du 24 février 2022 acte la bascule, désormais irréversible à court terme, vers un monde dans lequel les affrontements ne pourront plus être choisis, ni traités par le seul emploi d’une force expéditionnaire, ni même maintenus à un niveau d’intensité faible. La désinhibition de l’emploi de la force armée se conjugue maintenant avec l’utilisation de toute la palette des modes d’action sous le seuil de conflictualité, souvent résumée par le terme de « guerre hybride ».

Dans cet environnement géostratégique profondément modifié se pose la question pour les armées françaises de concevoir et de conduire la manœuvre interarmées autrement, afin de rester en mesure de gagner la guerre dans ses formes actuelles. Cet article s’attachera à identifier les marqueurs des conflictualités nouvelles et la façon de les prendre en compte, avant de lister les défis à relever et les pistes de progrès déjà identifiées pour y faire face.

La modification de l’environnement géostratégique et l’intégration des effets dans les différents milieux et champs de conflictualité

Suite au choc de la guerre du Golfe, trois organismes interarmées ont été créés afin de structurer les opérations qui ont suivi. La création de la Direction du renseignement militaire (DRM) incarne l’identification du renseignement comme un levier majeur de performance en opération. Celle du Centre de planification et de conduite des opérations (CPCO) illustre le besoin de disposer d’un creuset de réflexion pour élaborer et diriger la manœuvre interarmées. Le Commandement des opérations spéciales (COS) est apparu comme un intégrateur indispensable des effets délivrés contre des cibles sensibles, dans un contexte de prise de risque élevé ou de lien extrêmement court entre les niveaux stratégique et tactique. Évidemment, si ces trois créations sont loin d’être les seules évolutions induites par la prise de conscience du besoin de coordonner les actions des trois milieux Terre, Air et Mer, elles en sont la partie la plus visible.

Après trente ans d’opérations extérieures quasi continues, le bilan est très positif, on peut dire que la « greffe de l’interarmées » a pris. Cependant, il convient de rester modeste car les interventions réalisées furent presque toutes conduites dans un contexte de rapport de force asymétrique, souvent adossé à une coalition menée par les Américains et leurs moyens pléthoriques permettant de masquer les éventuels manques de nos armées. Ce relatif confort a notamment pu générer le sentiment que la liberté d’action de nos troupes était garantie en permanence, oubliant en cela la nécessaire conquête de la supériorité aérienne comme préalable indispensable à la supériorité opérationnelle. Les guerres en Ukraine et au Proche-Orient nous rappellent crûment cette leçon datant de la Première Guerre mondiale.

En parallèle, l’apparition progressive d’actions sous le seuil de la conflictualité a mis en lumière la nécessité de devoir se préparer à combattre aussi dans ces nouveaux milieux que sont l’Espace et le cyberespace, et ces nouveaux champs électromagnétique et informationnel. Se prêtant à la déstabilisation de sociétés irriguées d’informatique et plongées dans un bain informationnel permanent, ce dernier champ est d’ailleurs devenu un lieu de confrontation en soi, où il est désormais possible d’être défait avant de livrer bataille dans les milieux traditionnels, avant même le premier coup de feu. La maturité rapidement gagnée par les armées permet aujourd’hui d’envisager d’y livrer aussi le combat, même si elles n’y agissent pas seules.

L’environnement opérationnel dans sa définition géographique s’en trouve aussi profondément modifié puisque la notion même de zone d’opérations s’estompe avec l’intrusion de ces nouvelles formes de conflictualité. A minima, il convient alors de penser l’articulation des systèmes de commandement zonaux entre eux et de commencer à introduire une continuité du commandement dans les intervalles entre les zones d’opérations pour éviter l’apparition de zones lacunaires. Ces notions sont particulièrement adaptées aux milieux aérien et spatial ainsi qu’aux champs cyber, électromagnétique et informationnel où les actions ne sont pas géographiquement limitées. C’est ainsi qu’est apparue la nécessité de concevoir et de conduire les opérations de manière intégrée en Multi-milieux et multi-champs (M2MC). C’est ce que recouvre l’acronyme barbare de « C2 M2MC » qui incarne le nouveau défi à relever pour les armées françaises : passer de la coordination des actions des trois armées, objectif atteint par la transformation interarmées, à l’intégration des effets en multi-milieux et multi-champs.

Les défis posés par l’intégration des effets dans les différents milieux et champs de conflictualité

Le degré des interactions nécessaires entre les acteurs des différents milieux et champs est structuré par l’intensité des opérations et le niveau de menace pesant sur nos forces et nos structures de commandement. Ne pouvant être défini a priori, puisqu’il dépend du contexte des opérations envisagées, le niveau d’interdépendance des centres de Commandement et de contrôle (C2) peut cependant être cadré par le rappel des quatre niveaux suivants, de plus en plus intégrés :

• L’information mutuelle suffit lorsque les processus de commandement mis en œuvre dans chacun des C2 sont susceptibles de bénéficier aux autres sans que l’élaboration des produits de chacun d’entre eux ne soit impérativement liée aux activités des autres.

• La collaboration est nécessaire quand les processus mis en œuvre dans chacun des C2 nécessitent des informations ou des produits élaborés par les autres.

• L’intégration devient indispensable lorsque certains processus C2 doivent impérativement être mis en œuvre en commun entre plusieurs des structures C2 considérées.

• Lorsque la résilience, la discrétion ou les délais le justifient, une co-localisation de tout ou partie du personnel des structures C2 considérées doit être envisagée.

Ces niveaux d’interdépendance entre centres de commandement s’entendent selon deux temporalités qui peuvent se conjuguer en fonction de la situation opérationnelle, de manière permanente ou circonstancielle. L’intégration des effets relève du niveau opératif, le niveau stratégique étant chargé de définir les objectifs stratégiques, c’est-à-dire le « quoi » et le « pourquoi », et non de planifier et de conduire leur atteinte. Les niveaux tactiques doivent être en mesure de contribuer à l’intégration par des processus de partage collaboratif entre eux et avec le niveau opératif. La bonne pratique consiste à rechercher de manière permanente et par défaut la subsidiarité dans la construction de la décision opérationnelle. Une intégration d’effets M2MC par un commandement de milieu, par délégation circonstancielle de fonctions opératives, est souhaitable dès que cela est possible, dans une logique d’allègement des structures.

Il s’agit donc de créer une logique de réseau en rendant possibles des relations horizontales directes entre C2 de milieux, agissant en synergie tant en planification qu’en conduite et permettant la combinaison optimale des forces de chaque milieu contributeur. Pour cela, il est nécessaire de disposer d’une représentation commune de l’espace opérationnel, enrichie en permanence par l’ensemble des acteurs M2MC. Remplaçant dans ce nouvel environnement la Common Operational Picture que les armées ont souvent appelée de leurs vœux sans beaucoup de succès, cette représentation commune appelée Multi Domain Battlespace est l’aboutissement de toutes les fonctions structurantes du C2 que sont le renseignement, le ciblage et l’évaluation des opérations concourant à obtenir l’ascendant sur l’adversaire.

Ainsi l’appréciation de situation, incluant l’acquisition et l’analyse du renseignement, et la veille, regroupant notamment la surveillance de milieu et le suivi d’activité, intègrent des informations provenant de l’ensemble des C2 de milieu. À ce titre, les processus des C2 doivent entretenir en permanence des relations d’information mutuelle qui, en fonction de l’intensité des opérations, doivent pouvoir évoluer vers la collaboration, voire l’intégration dans l’élaboration des produits.

Le processus de ciblage large spectre, incluant les ciblages cinétique, cybernétique et l’influence constitue la fonction motrice du C2. Toutes les autres fonctions du C2 contribuent alors à son alimentation par le renseignement et la planification, ou à son animation grâce à l’évaluation et la conduite. Exécution dynamique de la planification, la conduite met en œuvre les mêmes processus sur une échelle de temps beaucoup plus courte et adapte en permanence les actions aux évolutions de l’environnement opérationnel en mesurant les écarts, positifs ou négatifs, par rapport aux effets prévus.

L’évaluation des effets produits revêt un intérêt pour l’ensemble des C2 impliqués dans une opération à quelque niveau que ce soit. Agrégation d’informations sur un spectre très large pour déterminer les mesures d’efficacité et de performance, elle permet de s’assurer de l’adéquation entre les actions prévues en planification et les résultats obtenus en conduite. Le tempo des opérations M2MC impose une fréquence élevée du traitement des informations pour disposer d’une évaluation quasi-permanente des opérations.

Si nous arrivons collectivement à relever ces défis, notre supériorité technologique, notre rapidité d’exécution dans le ciblage et le C2 constituent le moyen de déjouer les pièges du rapport de force en imposant un rapport de puissance. L’application de l’effet requis au bon endroit, au bon moment annihile l’ascendant détenu a priori par celui qui a l’avantage du nombre.

Atouts de l’AAE pour faire face aux défis du multidomaines et opportunités à saisir

Même si c’est une évidence, il convient de rappeler que les opérations aériennes et spatiales sont intrinsèquement multi-milieux à double titre. Elles génèrent des effets sur l’ensemble des milieux, puisque la puissance militaire aérospatiale surplombe tous les milieux, sous réserve que la liberté d’action soit conquise dans les airs, ne serait-ce que ponctuellement et localement, et préservée dans l’Espace. Par symétrie, les opérations aériennes et spatiales sont aussi dépendantes de l’ensemble des milieux, et de leur contrôle strict, afin de dénier à l’opposant la possibilité d’interdire l’accès à son espace aérospatial par le déploiement de moyens de défense aérienne basés au sol ou embarqués.

De plus, l’armée de l’Air et de l’Espace travaille depuis plusieurs années à intégrer les effets dans le continuum de l’air à l’Espace en incluant la Très haute altitude (THA), nouveau milieu libre de contrainte et encore très peu utilisé à des fins militaires (2). Les missions permanentes de la dissuasion nucléaire aéroportée et de la Posture permanente de sûreté aérienne (PPSA) confiées à l’AAE ont inscrit de manière durable dans l’ADN des aviateurs une capacité à intégrer les effets de deux structures C2 distinctes mais concourantes.

Enfin, le champ électromagnétique a toujours été intégré aux opérations aériennes, chaque appareil étant capable d’exploiter le domaine électromagnétique pour se protéger mais aussi de capter et d’enregistrer des signaux à des fins d’analyse (3). De même, la dépendance des structures de C2 Air aux réseaux de détection et de communication a toujours appelé à une extrême vigilance des aviateurs face aux attaques informatiques, préfigurant ce qui allait devenir le volet défensif de l’affrontement dans le cyberespace. Intégrer ce domaine est donc naturel pour les opérations aériennes et spatiales.

Depuis plusieurs années déjà, tous les programmes d’armement aériens sont conçus en étant centrés sur les données qu’ils produisent ou dont ils ont besoin pour combattre. Le système de combat aérien futur est l’incarnation de ce « cloud de combat » qui se dessine à un horizon de plus en plus proche. Cette architecture est de nature à pouvoir intégrer les données issues des autres milieux et champs de conflictualité, tout en permettant à l’Intelligence artificielle (IA) d’en tirer le meilleur parti, notamment en aidant à raccourcir les boucles décisionnelles. L’IA de combat va ainsi changer la donne concernant le ciblage, qui est au cœur du processus de conception et de conduite des opérations militaires.

La redéfinition de la notion de zone d’opérations avec l’apparition de nouvelles menaces et champs de conflictualité sans frontière géographique place naturellement la puissance militaire aérospatiale ainsi que le C2 Air et Espace en première ligne pour assurer un rôle pivot dans le commandement opératif, en raison de sa capacité à projeter de la puissance ou des forces rapidement, à surveiller de vastes zones et à fournir des effets stratégiques décisifs en se jouant des frontières, englobant ainsi les potentielles zones lacunaires dans son champ d’action. L’aptitude à travailler en coalition, en ayant intégré nativement les standards de l’Otan, est un atout supplémentaire pour partager l’environnement opérationnel avec d’autres C2 nationaux, de pays alliés ou de l’Alliance.

Ainsi pour l’armée de l’Air et de l’Espace, le niveau d’ambition est double : 1) Commander et contrôler des opérations dans tous les milieux et champs de confrontation dans un contexte d’opérations ponctuelles, de campagne aérienne, de campagnes interarmées, en national, en coalition ou au sein de l’Otan ; 2) Générer et être en mesure d’intégrer des effets multi-milieux et multi-champs au niveau tactique, soit en prenant en compte les C2 des autres milieux, soit en s’y intégrant.

Cette interdépendance accrue liée à l’intégration des effets M2MC exige une coordination étroite entre les forces aériennes et spatiales avec les autres branches des armées. Le commandement opératif Air doit donc développer une compréhension approfondie des besoins et des capacités des autres forces pour assurer une synergie opérationnelle optimale. Cela suppose un partage des cultures de milieux rendu possible par des parcours professionnels croisés, prenant en compte des affectations dans les C2 des autres milieux (Terre, Marine, Cyber) aux niveaux de commandement tactique, opératif et stratégique. Ces parcours doivent aussi s’enrichir des opportunités de découvertes des autres milieux, que ce soit en École d’état-major mais aussi lors des affectations en environnement interarmées. ♦


(1) NDLR : Voir par exemple le dossier « Les leçons militaires de la guerre du Golfe », RDN, n° 843, octobre 2021 (https://www.defnat.com/sommaires/sommaire.php?cidrevue=843).
(2) Voir dans ce Cahier, l’article « Les enjeux liés à la Très haute altitude (THA) » du général Rougier, p. 53-59.
(3) Voir dans ce Cahier, l’article « Maîtriser les ondes : le retour de la guerre dans le champ électromagnétique » du général Gary, p. 107-112.

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